JEAN PING : La lutte continue

13 December 20190
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La posture de Jean Ping sera sans doute gravée dans l’histoire de la démocratie du Gabon. Cet acteur politique maintient toujours, trois ans après l’élection présidentielle de 2016, sa position de farouche opposant et continue de crier haut et fort qu’il est le véritable vainqueur du vote de 2016.

Bon nombre de ses supporters lui reprochent sa stratégie qui jusqu’ici ne lui a pas permis de reprendre le vote dans la vingtaine de bureaux annulés en 2016 par la Cour constitutionnelle. Ses compatriotes auraient préféré que leur leader dirige des mouvements dans la rue malgré les confrontations avec les forces de l’ordre.

Le leader a certes gardé la même posture mais au fil de sa longue bataille sa stratégie a quelque peu changé. Le patron de la Coalition pour la nouvelle République interpellait implicitement les dirigeants français dans les interventions précédentes. Dans ses récents discours, et surtout celui prononcé mardi 10 décembre, Il appelle directement la France à soutenir sa lutte, celle de « rétablir la vérité des urnes ». Dans la classe politique gabonaise, ainsi qu’au sein de la population, cet ancien empire colonial est pointé du doigt. Nombreux considèrent que le pays d’Emmanuel Macron est la véritable source des difficultés de la démocratie au Gabon. Pour eux, l’Elysée n’aurait aucun intérêt à soutenir un président démocratiquement élu. « La France préfère être en commerce avec des gens qui violent la souveraineté du peuple pour mieux les manipuler. En général, ce sont des personnes indésirables au sein de leur population. Des gens qui viennent s’accaparer des richesses sans aucune ambition de développer leur pays », estime un enseignant de sociologie politique. Pour lui, la France n’aurait jamais tourné le dos à Jean Ping si ce dernier n’avait pas publié un livre où il évoque la responsabilité de Paris dans l’assassinat de Mouhammar Kaddhafi , le guide libyen.

Malgré les difficultés - l’affaiblissement de la Coalition pour la nouvelle République -, celui que nombre de Gabonais considèrent comme le « président élu » n’a pas fléchi. Les derniers mouvements survenus au sommet de l’Etat l’ont fait intervenir à nouveau avant son traditionnel discours de fin d’année. A trois ans de la future présidentielle, il est difficile de penser qu’il fléchira pour accepter un quelconque poste comme d’autres opposants l’ont fait avant lui. Ce natif d’Omboué sera sans conteste, après Mba Obame, l’opposant qui aura su respecter son idéologie et la volonté du peuple gabonais.

P. B

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