GABON/"Des décisions de justice peu dissuasives à l’encontre de trafiquants de faune"selon Conservation et Justice

26 novembre 20180
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MBABA Maxime et complices avaient été interpellés le 22 Octobre 2018 à Libreville en flagrant délit de commercialisation des trophées d’une espèce intégralement protégée, en l’occurrence 2 pointes d’ivoire. A l’audience de plaidoirie du 12 Novembre 2018, le parquet avait requis à l’endroit de MBABA Maxime trois (3) mois d’emprisonnement avec sursis et 1.000.000 CFA d’amende et 45 jours, 500.000 DCFA d’amende à l’endroit d’ABA Madi Baba et KASSA Ali.

Le jugement rendu à l’audience de délibéré du 22 Novembre 2018 a respectivement reconnu MBABA Maxime, KASSA AL et ABA MADI BABA coupable du délit de commercialisation d’ivoire. Mais les sanctions infligées paraissent faibles. En répression MBABA Maxime a en effet été condamné à 3 mois de prison avec sursis et 250.000 FCFA d’amende. KASSA AL et ABA MADI BABA ont été condamnés à 3 mois d’emprisonnement ferme et 200.000 FCFA d’amende. Les 3 trois ont été solidairement condamnés à payer 4.000.000f de dommages et intérêts en faveur des Eaux et Forêts.

Les défenseurs de l’environnement et en particulier des espèces animales protégées ont évidemment été déçus par ces décisions peu dissuasives. En particulier, MBABA Maxime n’a été condamné qu’à une peine de prison avec sursis, malgré un flagrant délit qui a confirmé son rôle principal dans cette affaire de trafic d’ivoire. Est-ce son statut d’agent des forces de l’ordre à la retraite ou ses contacts privilégiés qui ont plaidé en sa faveur ? En tout cas, il a été libéré dès le déferrement, le parquet n’a pas demandé de peine de prison ferme et le tribunal n’en a pas non plus infligées, à la différence des autres trafiquants arrêtés.

De même, plusieurs décisions de justice ont été rendues publiques à Mouila le 31 octobre en matière de trafic de faune et exploitation forestière illégale. Elles paraissent peu dissuasives.

EYAMANE J. Parfait et MOUKAKOU Didier et GAO Jingzhu de la société Talibois ont en effet été condamnés à six mois de prison mais avec sursis et au paiement d’une amende de 2 millions chacun. Sachant qu’ils ont organisé une exploitation forestière industrielle hors permis et exploité près de deux cents arbres avant d’être arrêtés, moins de 24h.

Dans une autre affaire de trafic d’ivoire, BEYEME Agilys, MIHINDOU Désiré et NDOGOU Chéruben ont été condamnés le 31 octobre à 6 mois de prison dont 4 assortis de sursis en plus d’une amende de 200.000F CFA chacun et de dommages et intérêts de 500.000 FCFA chacun.

Finalement, SOW Alassane Sileye et IDRIS Issa ont également été reconnus coupables de détention et commercialisation de pointes d’ivoire. En répression, ils ont été condamnés à 6 mois de prison dont 4 assortis de sursis et d’une amende de 200.000 FCFA chacun et 5 millions chacun au titre de dommages-intérêts.

Alors que le Gabon est connu pour son engagement pour la protection de ses forêts et de sa faune et développe diverses initiatives en faveur de la bonne gouvernance des ressources forestières, ces décisions paraissent paradoxales, même si elles ne constituent pas la règle, les autres tribunaux étant généralement plus stricts vis-à-vis de ce type d’infractions. Fort de ce constat, certaines associations de protection de la faune et la forêt ont fait appel des décisions de justice. Il s’agit notamment de Muyissi environnement et de Conservation Justice.

LM/MT

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