VIOLENCES POLICIERES : La marche a encore été bloquée…
Prêts à lancer l’assaut sur les marcheurs pacifiques, ce jeudi en fin de matinée, des policiers ont une nouvelle fois empêché le déroulement normal de la marche contre les violences policières faites aux femmes et aux commerçants. Après une heure de face à face, les contestataires ont rebroussé chemin sans aucune résistance.
Deux camions pleins de policiers, équipés de leur matériel anti-émeute, attendaient le groupe de marcheurs au carrefour Saint Michel de Nkembo, dans le deuxième arrondissement de Libreville. Les manifestants ont d’abord cru que les forces de l’ordre venaient encadrer la marche, comme les éléments de la Croix Rouge présents dans la foule. Une idée battue en brèche par la barrière policière qui venait de se dresser devant eux. Les protestataires ont alors compris la raison de la présence des hommes en uniforme. « La marche est interdite… » a plusieurs fois lancé l’officier de police chargé de la troupe, durant la discussion avec les organisateurs de la marche, dont Albertine Maganga Moussavou, vêtue de son écharpe de député. D’autres représentants du peuples, ainsi que Marc Ona Essangui membres de la société civile et Zacharie Myboto de l’Union nationale, un parti de l’opposition, accompagnaient aussi les manifestants.
Partie du rond-point du marché Mont-Boué, le plus grand de la capitale gabonaise, la progression s’est faite dans le calme et l’ordre, dirigée par un cordon sécuritaire composé de personnes sélectionnées parmi les marcheurs. Une ambulance de la Croix Rouge gabonaise suivait la marche. Après la traversée de ce lieu où les violences policières contre des commerçantes se sont déroulées, la foule a emprunté la ruelle reliant l’ancienne gare-routière au carrefour Saint-Michel.
Organisé par l’ONG de lutte contre les violences faites aux femmes, cette manifestation était un signe de contestation pacifique contre les récentes brutalités policières survenues dans ce marché. Tout d’abord, un jeune commerçant gabonais, étudiant en licence à l’Université Omar Bongo, a perdu sa vie des suites de graves brûlures ; le drame s’était produit dans un camp de police. Mais quelques semaines avant, des commerçantes disent avoir été sauvagement bastonnées et dévêtues en public. Conduites au même commissariat, elles avaient été filmées sans vêtement et la vidéo diffusée sur internet.
Le 6 novembre dernier, une marche des commerçants contestataires avait déjà été interdite. Regroupés au rond-point de la Démocratie, ils furent dispersés par les policiers postés sur le lieu du regroupement tôt le matin. Les manifestants avaient promis organiser une autre marche. L’ONG avoue suivre la procédure normale auprès des autorités pour la tenue de ses événements.
Georges-Maixent Ntoutoume