JIF/GABON : Estelle Ondo et son ministère célèbrent la Femme

8 mars 20190
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La Ministre de la Famille, de la Décennie de la Femme et de l’Egalite des Chances,Estelle Ondo,a prononcé un discours à l’occasion de La Journée Internationale des Femmes », également appelée « Journée internationale des Droits de la femme » ce 08 mars 2019 à Libreville. « L’égalité pour ligne de pensée, des constructions intelligentes, le changement par l’innovation » est le thème officiel de cette édition 2019.Gabonews publie ici l’intégralité de ce discours.

Mesdames et Messieurs,

A l’instar de nombreux pays, le Gabon célèbre le 08 mars de chaque année « La Journée Internationale des Femmes ». Également appelée « Journée internationale des Droits de la femme » ; c’est une journée qui permet de faire le bilan des avancées opérées pour réduire les inégalités entre les hommes et les femmes dans tous les domaines. Elle vise aussi à sensibiliser les femmes sur leurs droits et à rappeler les actes qui ont été posés par des femmes ordinaires, pour obtenir des choses extraordinaires.

Il convient de rappeler que l’origine de cette journée se trouve dans les luttes ouvrières, et que la création d’une « Journée internationale des femmes » est proposée pour la première fois en 1910, lors de la conférence internationale des femmes socialistes à Copenhague, par Clara Zetkin.

Pour marquer cet engagement des femmes, l’Organisation des Nations Unies officialise le 08 mars 1977 la « Journée Internationale des Femmes  » en adoptant pour principe « tant que l’égalité n’est pas atteinte, le 8 mars continue d’être célébrée ».
En accord avec cette vision, le Gabon, Etat membre des Nations Unies célèbre cette Journée depuis 1984, pour promouvoir les droits de la femme.

Mesdames et Messieurs,

Depuis lors, le Gabon a ratifié de nombreux traités internationaux et souscrit aux orientations définies par les Nations Unies dans le cadre du programme d’action de Beijing pour la promotion de la femme adopté en 1995, aux Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), à la Déclaration de Maputo, à celle d’Istanbul, à la Déclaration des Chefs d’Etat d’Addis Abeba sur le genre en 2004, et actuellement aux Objectifs de Développement Durable (ODD).

Plusieurs initiatives et axes d’actions ont été entrepris et sont mis en œuvre ; j’en veux pour preuve, le cadre juridique, socle qui porte avec efficacité ces décisions, l’arsenal juridique de notre pays a évolué très sensiblement dans le sens de promouvoir les droits socio-économiques des femmes, afin de supprimer les inégalités entre les hommes et les femmes.

En termes d’avancées à ce sujet, pour ce qui concerne le Code civil, en matière de relation familiale et de mariage, le processus de modification de la disposition relative à l’âge nubile est en cours. Ainsi, l’âge d’accès au mariage de 15 ans jusqu’ici pour la fille sera désormais de 18 ans, au même titre que les garçons. Il en est de même du code de nationalité dont les réformes visent à combler certains vides juridiques observées dans la loi de 1999.

Quant au code pénal, outre les avancées intervenues lors de la révision de la loi n°
21/63 du 31 Mai 1963 portant code pénal par la loi n°19/2013 modifiant certaines
dispositions de la loi supra, il convient de noter que cette modification a permis
d’harmoniser la qualification de l’adultère des époux. Elle a également abouti à la
criminalisation du viol, de l’inceste et à la répression de la violence en milieu familial.

En ce qui concerne le monde du travail et des instances politico- administratives, la loi
n° 10/2016, du 16 septembre 2016 portant sur la lutte contre le harcèlement en milieu
professionnel a été promulguée. Elle définit le harcèlement comme étant tout
comportement répétitif ayant pour effet de porter atteinte à la dignité d’une personne
et de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant en
milieu professionnel.

Par ailleurs, la loi n° 09/2016 du 05 septembre 2016 régit désormais les quotas d’accès des femmes et des jeunes aux élections politiques, et celui des femmes aux emplois supérieurs de l’Etat. Elle vise à accroître la participation directe et active des femmes et des jeunes à la vie politique et à la gestion de l’Etat et s’inscrit dans le sens de la consolidation du système démocratique et de l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Toujours pour améliorer les conditions d’existence des femmes dans l’ensemble, le Gabon a mis en place un certain nombre d’actions à savoir :

• L’élaboration en 2009 d’une Stratégie Nationale d’Egalité et d’Equité de Genre (SNEEG) visant l’intégration de l’égalité homme/femme ;
• La création de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS), pour l’accompagnement social et sanitaire à l’exemple de la gratuité des soins pour les femmes enceintes ;
• La « Décennie de la femme gabonaise » instituée par le Président de la République, Chef de l’Etat Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA le 23 mars à Makokou, pour la période 2015-2025, vise à intensifier la promotion et la protection des droits de la femme.

Mesdames et Messieurs,
Cette année, la célébration de cette Journée est rehaussée par la pertinence du thème officiel retenu par les Nations Unies : « L’égalité pour ligne de pensée, des constructions intelligentes, le changement par l’innovation ».
Notre pays, à l’évidence, a le mérite de disposer d’un arsenal juridique favorable à la femme. Bien que des défis demeurent, nous avons le sentiment que la femme n’en profite pas assez. Nous voulons comprendre à quoi sont dues les réticences, voire les résistances des femmes face aux évolutions qu’elles souhaitent pourtant voir se produire pour elle.

La Loi Fondamentale de notre pays, en son article 2, alinéa 2 dispose :

« La République gabonaise assure l’égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction d’origine, de race, de sexe, d’opinion ou de religion".
Dans les faits, il apparait qu’en dépit des mesures légales et politiques garantissant l’égalité des droits entre les sexes, telle que consacrées par la Constitution, on observe encore des résistances.

Ce constat amène à se convaincre que dans ce domaine, rien n’est acquis et que les avancées pour l’amélioration des droits des femmes doivent être un combat de tous les instants. A l’aune des grandes nations dont les histoires sont bien plus vieilles que celle de notre pays, il convient de noter que 59 années d’indépendance ne sont donc pas suffisantes pour détruire les stéréotypes et pour déconstruire les attitudes néfastes dans nos communautés.

Au regard du dispositif juridique du Gabon, nous nous interrogeons ainsi que nous le disions, sur les goulots d’étranglement toujours observés dans la longue marche pour l’égalité homme/femme.

Les femmes gabonaises saisissent-elles réellement toutes les occasions qui s’offrent à elles ? Dans les domaines scolaire, professionnel, social, économique et politique… ?
En effet, force est de constater qu’en dépit d’une politique favorable à l’altérité de genre, à l’égalité homme/femme pour un épanouissement et une affirmation de la femme dans la société, les disparités persistent au sein de l’environnement gabonais.

Dans le droit fil du thème de la 63ème Session de la condition de la femme et du thème officiel de cette journée, le Ministère dont j’ai la charge propose comme thème national, interrogeant fondamentalement la femme elle-même :

« La perception de Soi, croyances et attitudes : le plafond de verre de la femme  ».

Autrement dit : Les femmes ne se construisent-elles pas des chaînes invisibles pour elles-mêmes ? En d’autres termes, à travers leurs croyances et attitudes ne sont-elles pas des obstacles à leur propre développement ? Ne s’autolimitent-elles pas ?

La compréhension de cette attitude permettra à la femme de se remettre en question afin d’évoluer résolument dans le bon sens et atteindre le 5ème objectif de développement durable qui est de parvenir à l’égalité sexes et à l’autonomisation des toutes les femmes et filles.

Mesdames et Messieurs,

En cette 35ème célébration, je voudrais réaffirmer solennellement l’engagement du Gabon et du Président de la République, Chef de l’Etat Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA à intensifier des efforts dans la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de la femme pour le développement durable de notre pays.

Je voudrais cependant continuer, au niveau du Ministère de la Famille, de la Décennie de la Femme et de l’Egalité des Chances dont j’ai la charge, de particulariser l’autonomisation des femmes, en soutenant d’avantage les mesures d’incitation de celles-ci dans l’entrepreneuriat ; de continuer de les encourager à intégrer les formations et les métiers « porteurs » plus spécialement les métiers dits « masculins », où elles sont sous représentées et dont les leviers se trouvent aussi bien dans leur scolarité que dans leur formation professionnelle ainsi que dans leur personnalité.

Je suis convaincue que la présence des femmes dans ces secteurs aura pour effet de briser certaines barrières sociales et culturelles ; parce que les évolutions de cette nature passent aussi nécessairement par un changement de paradigme culturel. La culture à développer étant d’étendre le champ d’employabilité des femmes.
Je ne manquerai donc pas de dire combien l’implication personnelle de la femme elle-même est importante pour sa propre émancipation. Nous voulons bâtir un monde du travail différent pour les femmes.

Ainsi, en grandissant, les filles doivent être exposées à un large éventail de carrières et être encouragées à faire des choix aussi ambitieux que les garçons les menant à des emplois de « nouvelle génération » et bien rémunérés dans les secteurs de l’industrie à savoir sciences, technologie, ingénierie, mathématiques, l’art et l’agriculture moderne. Pour illustration, les femmes ne représentent actuellement que 25 pour cent de la main-d’œuvre mondiale de l’industrie numérique.

C’est avec cette détermination que nous parviendrons à protéger les jeunes filles et les femmes de toutes les formes de violences et des pratiques culturelles préjudiciables.
Toutes ces actions auront pour conséquence de réduire la pauvreté qui se féminise de plus en plus.

Les études réalisées par-delà le monde démontrent que le travail des femmes participe à la croissance et au pouvoir d’achat en améliorant leurs conditions d’existence. Les enjeux sont donc élevés car, faire avancer l’égalité de genre, en termes de plus-value, stimulerait le Produit Intérieur Brut mondial de manière significative d’ici 2025.

Mesdames et Messieurs,

Qu’il me soit également permis, en cette même circonstance, de rendre hommage à la femme gabonaise pour les efforts qu’elle consent et les avancées enregistrées dans le domaine économique et social où, nous en convenons, aucune faveur ne leur est faite, au regard des exigences mondialisées de pertinence et de compétence professionnelles pour un accès incontestable au statut d’acteur du développement.

Mesdames et Messieurs,

Enfin, je dois me féliciter, à l’échelle nationale, de la convergence des intérêts des femmes avec ceux de l’Etat, et au-delà, avec ceux des pays membres des Nations Unis, pour parvenir à évoluer vers des Nations plus égalitaires avec pour objectif « 50-50 d’ici à 2030 ».

Ces ajustements doivent s’opérer sous tous les rapports si l’on veut que le nombre de personnes capables d’accéder à un travail décent augmente, que l’aspect inclusif demeure et qu’il soit possible de dégager les avantages dont toutes et tous bénéficieront grâce au monde équitable qu’envisage ce Programme 2030 pour le développement durable.

Je voudrais, pour terminer mon propos, informer les femmes de ce que les activités prévues demain, le 08 mars 2019 pour la « Journée Internationale des droits des femmes » seront mutualisées avec celles de la Journée Nationale de la femme que nous allons célébrer le 17 avril 2019. Ceci, pour donner une envergure particulière à ces deux journées d’intérêt pour le Gabon, notre pays.

Néanmoins, je suis heureuse d’informer la communauté nationale et internationale que du 08 mars au 17 avril 2019, le Ministère en charge des Droits de la Femme en partenariat avec le Système des Nations Unies et les ONG dérouleront diverses activités pour promouvoir les Droits et l’autonomisation de la femme.

Le 17 avril consacrera non seulement la célébration de la Journée Internationale des droits des Femmes et la Journée Nationale de la Femme qui marquera la clôture des activités.

Pour paraphraser le principe de l’ONU, je dirai enfin aux femmes, courage ! Nous n’y sommes pas encore ! Mais nous y arriverons !

Je vous remercie.

Estelle ONDO,Ministre de la Famille, de la Décennie de la Femme et de l’Egalite des Chances

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