GABON/ L’heure du bilan pour l’ALEFI

15 mars 20190
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Le projet d’Appui à la Lutte contre l’Exploitation Forestière Illégale (ALEFI) consiste en un partenariat entre l’ONG Conservation Justice et le Ministère en charge des forêts pour lutter contre le trafic du bois. Cette collaboration est fondée sur l’accord de partenariat signé en 2012 entre ces deux entités. ALEFI a réellement démarré en 2013 et clôture donc sa sixième année d’exécution. Il repose également sur le Plan d’Action National contre l’Exploitation Forestière Illégale (PANEFI) adopté par le gouvernement du Gabon en 2014.

Depuis son lancement, le projet ALEFI est exécuté grâce aux apports de l’Union Européenne et ensuite du Programme de Promotion de l’Exploitation Certifiée des Forêts. Dans la phase de mise en œuvre, Conservation Justice est appuyé par Muyissi environnement, une association gabonaise. En 2017, les deux ONG ont en effet entamé une collaboration pour l’exécution des activités, notamment dans le sud du Gabon.

ALEFI est soutenu sur le terrain par des antennes installées à travers le pays. A ce jour, ALEFI dispose d’antennes a Oyem, Makokou, Mouila et Lambaréné, en plus du bureau de Libreville. Trois équipes sociales sont également en activité, dont l’une dans le nord du Gabon (Woleu-Ntem voire Ogooué-Ivindo), l’autre dans le centre-ouest (Moyen-Ogooué), et la dernière dans le sud du Gabon (Ngounié et Nyanga).

Des investigations efficaces mais de faibles sanctions

Au cours de l’année 2018, le département enquêtes d’ALEFI a exécuté des missions dans 127 villages de cinq provinces (Moyen-Ogooué, Ngounié, Nyanga, Ogooué-Ivindo, Woleu-Ntem). Ces missions visaient à renforcer les communautés locales en les informant de la législation forestière et en les aidant dans l’application de la loi. Cela a aussi permis d’identifier 37 compagnies forestières qui d’une manière ou d’une autre ne respectent pas la législation forestière : exploitation sans titre, absence de cahiers des charges contractuelles, cahiers des charges contractuelles non-exécutés, coupe de bois en dehors des limites, etc. Le projet ALEFI a suivi 25 arrestations dont 15 ont été directement initiées grâce à ce projet et 10 par les structures de l’Etat.

En tout, 9 cas ont été traités devant la Justice. Tous ont fait l’objet de condamnation et 2 autres cas récents sont en cours. Toutefois, on peut souligner la faiblesse des sanctions infligées comparativement aux dommages causés et aux infractions commises. Au total, six exploitants ont été condamnés à des peines de prison ferme, 2 à Mouila (180 jours), 2 à Libreville (75 jours) et 2 à Lambarene (90 jours). Toutefois, sieur Du Zongpo, responsable de la scierie Kougouleu dans l’Estuaire, a été condamné à Mouila mais n’a jamais été incarcéré. Il reste introuvable et la décision de justice le concernant n’a pas encore été produite par le Tribunal depuis plus de six mois.

Depuis la fin de l’année 2018, Conservation Justice a félicité les efforts particulièrement importants entrepris par le parquet de Lambarene, qui a initié plusieurs cas contre des exploitants illégaux. Selon le Directeur de Conservation Justice, « la province du Moyen-Ogooué est celle où la justice s’est le plus impliquée en fin 2018 contre l’exploitation forestière illégale. C’est encourageant évidemment et on ne peut qu’espérer que les autres juridictions suivront cet exemple  ».

Précisons que l’exploitation forestière illégale entraîne des pertes considérables pour le pays alors que l’activité forestière, menée de manière durable, pourrait participer bien davantage au développement à l’intérieur du pays. Dans le discours du Président Ali Bongo Ondimba aux USA dans le cadre de l’International Conservation Caucus Foundation en septembre 2017, on estime que l’exploitation forestière illégale pourrait faire perdre au pays jusqu’à 200 milliards de Fcfa par an. Lutter contre cette forme de criminalité souvent négligée devrait donc constituer une priorité.

Formations organisées par Conservation Justice

Le projet ALEFI a également organisé 4 formations à l’endroit des magistrats et forces de l’ordre gabonais. Un total de 345 OPJ et magistrats, ainsi que des opérateurs économiques, en ont bénéficié.

C J

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