PAUVRETÉ : CICIBA ou la cité des oubliés

5 août 20150
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A première vue, le site semble désert. Inachevé, les travaux de construction du Centre International des Civilisations Bantou, furent abandonnés dans les années 1980. Situé au quartier Okala, dans le premier arrondissement de Libreville, des démunis y ont élu domicile.

Dehors et tout autour, l’herbe séchée par la saison a envahie les espaces sur lesquels devaient pousser du gazon ou des arbres pour embellir davantage le paysage. Si le toit et autre matériel ont disparu, les deux gigantesques défenses d’éléphant qui font sa particularité ont résisté au temps et à l’abandon.

A l’entrée, deux bacs à ordures appartenant à une société de ramassage de déchets, nouvellement installée dans la capitale gabonaise. Ils sont pleins de débris.

L’endroit semble sinistre et son calme fait froid dans le dos. Mais les premières personnes rencontrées sur les lieux apparaissent plutôt sympathiques. L’une d’elle, un homme de plus d’une quarantaine d’années, accepte de nous recevoir dans son habitation de fortune. C’est un membre de l’association des habitants de cette cité improvisée. Il nous explique les conditions de vie difficiles auxquelles chacun d’eux fait face tous les jours. Pas d’eau potable, pas d’électricité. « 500 familles vivent ici. Chacun occupe une place, avec ses enfants, on ramasse le bois et les vieilles tôles pour fermer les trous pour que la pluie n’entre pas… », nous a confié ce responsable de famille. La lumière du jour ne parvient pas à bien éclairer la pièce. Dans un coin, plusieurs bidons en plastiques servent de récipient d’eau. Ils parcourt près d’un (1) kilomètre pour recueillir le précieux liquide dans une source dont l’eau jaillit de terre.

Après le court entretien, il nous propose de nous servir de guide à travers la cité. Un véritable labyrinthe. Il nous conduit d’abord au centre. Une vieille dame y tient un petit commerce, des noix de palme. Plus loin, du linge installé sur des cordes. Quatre grandes entrées permettent d’accéder à de longs couloirs. Plusieurs portes fermées donnent accès aux pièces dans lesquelles vivent certaines familles. « Ici, c’est l’entrée du sous-sol ; il a trois niveaux. Un jour on est descendu mais arrivé au deuxième niveau, on n’avait plus le réseau du téléphone et par peur de croiser des reptiles, on est remonté… »

De temps à autre, on croise de petits groupes de bambins, pieds nus, s’adonnant à différents jeux. D’autres, traversent un couloir, tenant en mains, des bidons pleins d’eau.

Ils sont tous gabonais. Économiquement faibles et sans emplois pour la majorité, ils n’ont pas d’autres choix que celui de squatter dans ce chantier oublié, à défaut de pouvoir louer une maison.

Chaque année, le nombre de la population du CICIBA augmente. La majorité des enfants n’est pas scolarisé, faute d’acte de naissance et d’argent. Les parents préfèrent utiliser le peu qu’ils gagnent pour nourrir leur progéniture.

Leur association a crée un petit groupe de sécurité pour diminuer le nombre de braquage et de vol. « Ça fait deux semaines qu’une petite fille a été retrouvée morte dans l’herbe… nous ne sommes pas en sécurité mais on est obligé de vivre comme ça… » a déclaré une jeune dame. Dans les années 1990, le site défrayait la chronique. De nombreux assassinats s’y déroulaient…

Georges-Maixent Ntoutoume

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