"Le pouvoir actuel ne parvient pas à faire le deuil du monopartisme qu’il s’emploie alors à vouloir restaurer" GNN

26 avril 20220
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La journée des parlementaires de l’opposition qui a eu lieu à Lambaréné le 23 avril dernier, avec la présence des présidents Guy Nzouba Ndama (Démocrates) Paulette Missambo (Union Nationale) et Alexandre Barro Chambrier du (RPM) est une première au Gabon. Selon un des membres de Les Démocrates , c’est "le point de départ de plusieurs autres actions dont l’objectif principal reste l’alternance au sommet de l’Etat". Notre rédaction vous propose l’intégralité du discours de Guy Nzouba Ndama.

Lambaréné, le 22 Avril 2022
Madame la Présidente de l’Union Nationale,
Monsieur le Président du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité,
Chers députés et sénateurs élus au compte des partis de l’opposition cités,
Mesdames et Messieurs,

Au nom du Bureau Exécutif, au nom de tous les parlementaires Démocrates, je voudrais d’emblée saluer l’initiative et l’opportunité de cette rencontre au caractère inaugural. Je voudrais saluer toutes les bonnes volontés qui ont travaillé à sa concrétisation. Car, de mémoire, l’opposition gabonaise n’avait jamais eu à manifester pareille souci de dialoguer avec elle-même.

Cette volonté intervient à point nommé. C’est-à-dire à un moment où le pouvoir en place et sa formation politique sont engagés dans une opération malsaine de débauchage de certains élus et responsables des partis de l’opposition pour affaiblir notre camp ; alors que pointent à l’horizon les prochaines échéances électorales. Face à cette pêche à la ligne, face à cette véritable battue politique organisée dans le périmètre de l’opposition, c’est en effet ensemble qu’il nous faudrait trouver des stratégies neutralisantes.

Car cette pratique, mis à part le fait qu’elle démontre clairement combien le PDG est à bout de souffle et incapable de se renouveler sans lancer des offres publiques d’achat aux membres de notre bord, constitue réellement un attentat à la démocratie. De fait, le pouvoir en place est plus que jamais hanté par cette période où le PDG régnait seul sur l’échiquier politique du pays. Tel un paradis perdu, le pouvoir actuel ne parvient pas à faire le deuil du monopartisme qu’il s’emploie alors à vouloir restaurer.

Mais bien heureusement, cette entreprise est peine perdue d’avance. L’avenir de ce projet est une chronique d’un fiasco annoncé. Car confronté à une jeunesse gabonaise plus que jamais éveillée, qui ne cédera ni à l’achat des consciences ni à la braderie de nos valeurs ancestrales comme seul projet politique  ; alors qu’elle espérait un projet de développement du Gabon susceptible de prendre en charge le chômage qui empoisonne la vie, rend l’avenir des jeunes confus et incertain.

La recette du tee short assorti des deux milles collés pour attirer les badauds et créer ainsi l’illusion du grand nombre lors des manifestions est périmée. Notre jeunesse a bien compris combien elle était méprisée, humiliée et dévalorisée par cette pratique en guise d’appât.

Chers parlementaires,

Face à cette confusion et devant cette incertitude ambiante qui entourent les lendemains, les gabonaises et les gabonais appelle de tous leurs vœux l’avènement d’une alternance. Celle-ci est possible et désormais à portée de main. Lors de son mémorable discours à la tribune des Nations Unies en 1973, le Président du Zaïre avait eu cette belle métaphore, je cite : « un fruit ne tombe que quand il est mûr. Mais devant l’ouragan et la tempête de l’histoire, mûr ou pas mûr, il tombe quand même  » fin de citation.

Dans notre cas, cela voudrait dire que c’est à l’opposition qu’il revient de travailler pour porter dignement l’espoir d’alternance que le peuple gabonais place en elle. A cet effet, la communauté de nos efforts et de nos stratégies est requise pour montrer aux yeux du monde que nous sommes une alternative crédible.

Notre force propositionnelle et notre cohésion devraient alors constituer «  l’ouragan et la tempête de l’histoire  », afin d’écrire dorénavant cette histoire au lieu de la subir. L’opposition doit concrètement pouvoir démontrer au peuple gabonais qu’elle a un projet novateur qui fait d’elle l’unique solution face à la stérilité notoire d’un parti en déclin. Un projet capable de basculer le pays vers une nouvelle ère de prospérité différente du cauchemar dans lequel il est plongé depuis ces dernières années.

Il nous faut convaincre nos concitoyens sur le fait que notre combat ne se s’inscrit pas dans la logique du « ôtes-toi que je m’y mette  ». Car il ne suffit pas d’abattre l’okoumé. Encore faudrait-il disposer du talent suffisant pour fabriquer la meilleure embarcation qui glisserait allègrement sur les vagues de l’Ogooué. Vous êtes ici autant de talents disponibles.

Dès lors, seuls les égoïsmes et l’esprit solitaire pourraient principalement handicaper l’opposition gabonaise actuelle. Puissent les chefs de parti taire leurs divergences contingentes, dans la mesure où nul n’ignore que nos divergences sont infiniment petites par rapport à l’objectif commun qui nous rassemble.

Un code de bonne conduite, une charte implicite de solidarité est donc nécessaire dans nos rapports, si nous voulons éviter l’autodestruction. Ce message, est un refrain que je me plais à prêcher lors de tous mes entretiens avec les membres de l’opposition élargie à ses composantes mêmes minimes. Ce fut le cas, il y a 3 jours avec la délégation conduite par le Président François Ndong Obiang du parti REAGIR.
Chers élus nationaux,

L’autre condition de l’alternance passe par la nécessité pour l’opposition de se préparer à travers une réelle formation des militants visant à protéger leurs suffrages exprimés. Cette formation doit notamment privilégier la connaissance des textes électoraux, les principes élémentaires du droit mais aussi la formation d’un nouvel esprit patriotique et militant qui ne dispose pas à se laisser corrompre. Un militant patriote est un militant déterminé qui voit « Gabon d’abord ». Plus qu’un slogan, cette formule appelle à l’esprit du sacrifice synonyme de don de soi pour le triomphe de la patrie.

En outre, les choix hasardeux et improvisés de nos représentants dans les bureaux de vote, parfois leur absence sont des manquements à proscrire au niveau des états major des partis. En somme, c’est à nous d’imposer les conditions d’une transparence qui n’est pas comme une terre promise.

C’est pourquoi au sortir de cette rencontre, je proposerais aux leaders de l’opposition de se rapprocher de l’Exécutif, dans une démarche républicaine, afin que soit ouvert un débat sur la transparence démocratique en général et pendant la période électorale en particulier. Car trop souvent, les media publics sont au seul service du pouvoir, les subventions des partis de l’opposition foulées au pied, les interventions de l’armée vouées à coller les affiches du candidat du pouvoir quand ce n’est pour guerroyer contre le peuple contestataire.

Enfin, je voudrais à nouveau dire à chaque parlementaire ici que vos électeurs ont reconnu en vous une certaine valeur. Ne la bradez jamais et ne trahissez en aucune façon leur confiance. Gardez-vous de participer au bal de sorciers qui se joue à l’autre bord et qui rend la politique détestable aux yeux de nos concitoyens. Réjouissance d’un jour, condamnation pour toujours. Car votre nom serait définitivement inscrit sur les pages réservées à la poubelle de l’histoire. Le pays compte sur vous, le pays compte sur tout un chacun ici présent.

Vive la démocratie pour que vive la partie, je vous remercie de votre bienveillante attention.

Guy NZOUBA NDAMA, Président Les Démocrates

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