"L’Ambition quant à elle, c’est assurément la conquête du Pouvoir, de tous les pouvoirs" JV Leyama

25 mars 20220
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Au terme du Congrès extraordinaire qui a eu lieu du 19 au 20 mars à Libreville, François Ndong Obiang et Jean Valentin Leyama ont été respectivement élus Président et Secrétaire Exécutif du parti REAGIR. Une nouvelle formation politique gabonaise qui signifie (Réappropriation du Gabon, de son Indépendance pour sa Reconstruction). Dans son allocution, le Secrétaire Exécutif à fait savoir que l’une des Visions de leur parti, est "la nécessaire réappropriation du Gabon par les Gabonais, de leurs valeurs, de leur culture, de leurs terres, de leur économie, bref de leur souveraineté".

Monsieur le Président de REAGIR,
Monsieur le Président du Bureau du Congrès,
Distingués Invités en vos rangs et qualités,
Mesdames et Messieurs les Congressistes,
Chers Compatriotes, Mesdames et Messieurs,

Permettez-nous, avant toute autre chose, de souhaiter une fois de plus la cordiale des bienvenus à nos illustres invités – leaders et acteurs politiques, leaders religieux, acteurs de la Société civile, Dignitaires, Cadres de la République, Citoyens – et nous leur savons infiniment gré de leur présence qui rehausse l’éclat de cette cérémonie historique pour REAGIR et pour le Gabon .

A la suite des propos des brillants orateurs qui m’ont précédé à ce pupitre, je réitère encore, un hommage mérité à nos compatriotes de la Diaspora, des exilés pour la plupart et grands combattants de la liberté, qui, depuis des années n’ont pas baissé les bras et grâce à qui nous sommes ici.

Tout en rendant un hommage mérité au bureau exécutif sortant de REAGIR, nous réaffirmons notre soutien et notre dévouement au nouveau Président Monsieur François NDONG OBIANG qui a désormais la lourde de mission de conduire la barque REAGIR à destination, en dépit des écueils qui inévitablement vont se dresser dès lors que nous assumons d’être parmi les plus grands Partis politiques de l’opposition gabonaise.

Enfin, aux Congressistes, à nos chers Compatriotes, venus des 9 provinces de notre pays, que nous remercions pour la confiance accordée en nous portant à la tête du Secrétariat Exécutif de notre parti, REAGIR vous appartient et, au- delà, le sort de notre pays est désormais entre vos mains. Car, point n’est besoin de savantes explications ou démonstrations pour que nous comprenions l’impérieux devoir qui nous incombe à tous de nous REAPPROPRIER notre pays !

NOUS REAPPROPRIER NOS VALEURS ancestrales et notre culture face à une occidentalisation forcenée de notre société qui tend, loin de toute démarche démocratique, loin de toute recherche de consensus et sans débat, à nous imposer des comportements et des pratiques contraires à nos mœurs et coutumes.

NOUS REAPPROPRIER NOS TERRES dont nous sommes chaque jour spoliés au profit d’intérêts fonciers étrangers ou d’une exploitation forestière abusive, sauvage qui menace dangereusement nos villages et notre écosystème, au point de créer un conflit mortel entre les animaux et nous.

Dans sa quête insatiable d’argent, ce pouvoir en était venu à vouloir hypothéquer nos terres en échange de prêts auprès des puissances économiques étrangères, n’était la réaction de plusieurs compatriotes de la Société civile regroupés au sein de la plateforme « Touche Pas à Ma Terre ! », dont Votre humble serviteur est l’un des membres fondateurs et le Coordinateur.

NOUS REAPPROPRIER NOTRE ECONOMIE dont les secteurs stratégiques sont désormais détenus par un seul opérateur économique et ses sous-traitants : 80% de la forêt et du commerce du bois, les ports et aéroports, les mines, les infrastructures, le tout sans payer d’impôts pendant au moins 30 ans ! Le commerce, grand et petit n’est pas en reste, il n’y a qu’à observer attentivement la place des commerçantes gabonaises dans les marchés et les espaces commerciaux.

La réappropriation de notre économie passe par le relèvement de notre part dans l’exploitation des richesses naturelles de notre pays, dans un système équilibré « Gagnant-Gagnant », leur transformation industrielle sur place en produits finis ainsi qu’un meilleur partage des fruits de la croissance en faveur de la population.

NOUS REAPPROPRIER NOTRE ECONOMIE, C’est aussi et surtout NOUS REAPPROPRIER NOS EMPLOIS, seule voie en vue de l’insertion de plusieurs centaines de milliers jeunes diplômés inscrits dans un chômage de très longue durée. Comment justifier, 60 ans après notre indépendance et après avoir formé autant de gabonais et dans toutes les spécialités, le recours systématique à la main-d’œuvre étrangère, au mépris de la législation du pays qui établit clairement que l’autorisation d’emploi à un expatrié ne peut être accordée que si on a démontré l’impossibilité de trouver un gabonais pour exercer cet emploi.

Nous sommes désormais en présence d’un chômage de masse dont les conséquences sociales sont pour l’instant atténuées par la solidarité familiale, durement éprouvée elle aussi par les difficultés économiques. C’est ainsi que, au-delà de la quarantaine, souvent devenus chefs de famille, des milliers de jeunes continuent de vivre chez leurs parents.

Lorsque des dizaines de milliers de jeunes diplômés frappent par dépit à la porte des corps armés pour quelques centaines de postes disponibles, il est clair que la cote d’alerte a été franchie. Si rien n’est fait, si la courbe n’est pas infléchie, ne soyons pas surpris, comble de l’indignation, de retrouver bientôt des jeunes Gabonais désespérés sur la périlleuse traversée de la Méditerranée.

Car, comment expliquer que, dans un pays de grand potentiel minier, des techniciens et des ingénieurs de mines, des géologues chôment, au point, qu’à peine ouverte, l’Ecole des Mines et de la Métallurgie de Moanda – Votre humble serviteur en a été le premier PCA à l’ouverture en 2016, poste dont il a démissionné deux années plus tard - a dû fermer certaines filières et s’oriente désormais vers la formation continue ?

Comment expliquer que, dans un pays à fort potentiel en hydrocarbures, l’Institut du pétrole et du gaz a cessé les recrutements en formation initiale et s’est spécialisé en formation continue, plusieurs de ses promotions ne trouvant pas de débouchés ?

Comment expliquer que, dans un pays qui importe plus de 300 milliards de FCFA de produits alimentaires, plusieurs promotions de techniciens agricoles et d’ingénieurs agronomes sortis de l’INSAB soient assis à la maison faute d’accompagnement pour lancer des exploitations agricoles et n’ont d’autres perspectives qu’une hypothétique intégration à la Fonction publique ?

Nous disons aux jeunes Gabonais, nombreux dans cette salle, dites aux jeunes Gabonais que vous croiserez que tant que ce pouvoir, champion du monde en promesses et maquettes, demeurera en place, obtenir du travail par soi-même, par sa formation demeurera pour eux un douloureux cauchemar. Pourquoi ?

Pour la simple raison que mû par leurs propres intérêts mercantiles, nos dirigeants ont favorisé le contrôle de notre économie par des nouveaux partenaires peu respectueux du Code du travail et de la législation qui contrôlent désormais la forêt, les mines, les infrastructures et qui, excusez l’expression s n’ont rien à cirer avec vos super diplômés.

Obsédés par la productivité, le m3 de bois, la tonne de minerai chargé, ils font tout eux-mêmes, ils sont eux-mêmes chauffeurs de camion, mécaniciens, contremaîtres, etc., ne connaissent pas la journée de 8 h, ni les jours fériés, n’embauchent les gabonais qu’à des emplois précaires et peu qualifiés et, de surcroît, pour des CDD à très courte durée, 2, 3 mois, renouvelables à l’infini.

Dans leurs sociétés, forts de l’impunité que leur garantit le Pouvoir en place, les Gabonais sont prévenus, pour reprendre devenue célèbre, "Qui boude, bouge !". Oui, chers congressistes, que nos jeunes ne se fassent pas d’illusion, la Nouvelle économie gabonaise ne crée pas d’emplois. Au contraire, moins elle en crée, mieux c’est bénef pour ces nouveaux opérateurs économiques et leurs associés tapis au sein du pouvoir.

NOUS REAPPROPRIER NOTRE ECONOMIE, C’est enfin METTRE UN TERME A CETTE MAUVAISE GOUVERNANCE qui classe notre pays parmi les pays les plus corrompus au monde, selon le classement de Transparency International ou parmi les pays où il est fortement déconseillé de faire des affaires, selon le classement Doing Business de la Banque Mondiale.

Cette gouvernance caractérisée par des détournements massifs de deniers publics et qui a endetté le pays jusqu’à 7.000 milliards sans réalisations probantes, quand, dans d’autres pays africains, on construit des nouvelles, des universités dignes de ce nom, des aéroports de standing mondial, des trains à grandes, des autoroutes... Autant d’exemples qui démontrent à suffisance le manque d’ambition de nos dirigeants dont l’incompétence est affligeante.

NOUS REAPPROPRIER NOTRE DEMOGRAPHIE menacée par la légalisation de l’immigration clandestine. Les migrants affluent au Gabon, qu’ils viennent par la route ou en pirogue, aucune enquête pour déterminer leur nombre, les conditions de leur entrée sur le territoire, il leur suffit de payer la carte de séjour. L’opération en cours de régularisation des apatrides, conduit des adultes expatriés à se voir délivrer, sur la base de faux témoignages, des pièces d’état- civil.

Et lorsque ces expatriés, qui contrôlent tout, sont en plus propulsés à des très hautes fonctions dans l’appareil d’Etat, jusqu’à quand le Gabonais va-t-il se résigner à se sentir étranger dans son propre pays et poser la question froidement, est-ce de la xénophobie ? Est-ce de la xénophobie d’affirmer froidement que, sauf volonté politique du pouvoir de procéder au « Grand remplacement » des deux millions de Gabonais que nous sommes, opération du reste aisée à effectuer, le seuil de tolérance en matière d’immigration est très largement franchi et, chaque jour qui passe nous montre à suffisance que nous devenons étrangers dans notre propre pays.

NOUS REAPPROPRIER ENFIN NOTRE DEMOCRATIE et nos droits chèrement acquis lors de la Conférence nationale en 1990, mis à mal par un pouvoir autoritaire qui ne laisse désormais le choix qu’entre la résignation ou la prison, aidé dans cette tâche ignoble par une justice instrumentalisée.

Les libertés fondamentales – Liberté d’expression, liberté de manifestation, liberté de circulation – sont bafoués en permanence et conduisent les récalcitrants en prison. L’histoire de notre pays au cours de ces deux dernières décennies est tachée de sang d’innocents, d’emprisonnements et d’arrestations arbitraires, de violences répétées mêmes sur des enfants de lycées ainsi que de crimes économiques etc..

La récente crise sanitaire liée à la pandémie de la COVID-19 a démontré, une fois de plus, que ce pouvoir gouverne non en faveur des Gabonais mais contre les populations. Fort heureusement que, à nouveau, la Société civile, à travers cette fois le combat du COPIL Citoyen, dont Votre humble serviteur est un des membres fondateurs, à qui nous rendons ici un vibrant hommage, a fait barrage aux manœuvres visant à restreindre nos droits fondamentaux garantis par la Constitution jusqu’à la levée récente de l’état d’urgence. Dans la même lancée, REAGIR va intensifier les actions citoyennes en faveur de la restauration d’un véritable état de droit dans notre pays.

Mesdames et Messieurs les Congressistes, Chers Compatriotes,

Cette longue interpellation nous donne à la fois la Vision de votre parti, REAGIR et son Ambition.

La Vision, c’est la nécessaire réappropriation du Gabon par les Gabonais, de leurs valeurs, de leur culture, de leurs terres, de leur économie, bref de leur souveraineté.

L’Ambition quant à elle, c’est assurément la conquête du Pouvoir, de tous les pouvoirs. Il va de soi que REAGIR prendra activement part à toutes les compétitions électorales à venir, à savoir la Présidentielle, les Législatives et les Locales, mais, c’est très important de le préciser, dans une dynamique de forces d’une Opposition déterminée, sans concession, à libérer le Gabon de la forfaiture.

Oui, conscient qu’aucun parti de l’Opposition ne peut venir à bout de ce pouvoir illégitime qui s’impose par la fraude et un usage immodéré de la force et de la violence, REAGIR lance un appel à une nouvelle coalition des forces patriotiques et montre sa disponibilité à engager avec ses pairs, des discussions afin qu’à la prochaine élection présidentielle, comme en 2016, l’Opposition y aille unie, regroupée, gagne et se donne les moyens de faire respecter le verdict des urnes.

Il est, en effet, plus que temps que les 2 millions de gabonais pour un corps électoral de Six cent (600) mille âmes puissent se choisir librement et de manière incontestable, leurs dirigeants. C’est l’Acte N° 1 de toute démocratie. Nous avons tous pourquoi notre pays est incapable d’une telle expérience parmi tant d’autres pays africains où, dans le cadre d’une alternance pacifique, le vaincu reconnaît sa défaite et félicite le vainqueur !

Mesdames et Messieurs les leaders des partis politiques de l’Opposition,
Mesdames et Messieurs les membres de la Société civile,

Dans 16 mois exactement, nous abordons la première échéance électorale : la Présidentielle, susceptible d’être couplée avec les Législatives. 16 mois, c’est là !
Le Pouvoir a déjà lancé sa campagne et mis l’appareil d’Etat en mouvement, au regard de la pluie de nominations à la Présidence à travers un machin supplémentaire, superflu et budgétivore appelé Haut-Commissariat de la République ainsi qu’une équipe ministérielle hypertrophiée, d’autres vont suivre dans les jours à venir. Des décisions à contre-courant de l’exigence de réduire la voilure et le train de vie de l’Etat afin d’affecter les économies ainsi réalisées vers les besoins sociaux.

Que faisons-nous ? Il est urgent, impératif que l’Opposition se retrouve afin d’exiger du Pouvoir une concertation sur la sempiternelle et inachevée question électorale ainsi que sur le financement des campagnes électorales.

Cette question a toujours été au centre de notre processus démocratique particulièrement tumultueux. En effet, les seuls cas de violences collectives que notre pays connaît invariablement depuis 1990 sont liés à la contestation des élections. Il n’y a en effet ici, à la différence d’autres pays africains, ni émeutes liées à la flambée des prix des biens et services, ni de manière générale celles liées à la pauvreté du plus grand nombre qui vit en dessous des seuils sociaux internationalement admis. C’est en cela que la question électorale doit inlassablement demeurer une préoccupation pour la classe politique.

Dans l’intérêt de la paix sociale et la concorde nationale, lesquelles valeurs doivent être une réalité et quitter les tiroirs des simples slogans.

Oui ! Chers Compatriotes, la question électorale est le nerf de toutes fraudes depuis à l’avènement du multipartisme et au cœur de toutes les concertations de la classe politique de l’opposition avec les Institutions du Pouvoir à savoir :

 Accords de Paris en 1994 ;  d’Arambo en 2006 ;
 d’Angondje en 2017.

Or, on constate avec beaucoup de regret que, à chaque fois, l’encre des signatures apposées au bas des Accords à peine séchée, le partenaire qui détient tous les leviers du pouvoir, se retrouvant seul aux commandes, en dépit de la présence figurative au Gouvernement de quelques leaders de l’Opposition, entreprend de détricoter, par ordonnances, par décrets et par arrêtés, le contenu des Accords, trahissant ainsi leur lettre et leur esprit.

En conséquence, la Confiance n’a jamais existé dans la classe politique de notre pays, la méfiance est générale et partagée très largement par nos concitoyens, du fait de la déloyauté invétérée du Pouvoir en place et dont les actes ne visent qu’un objectif exclusifs : la conservation du pouvoir. A tout prix.

Lors de la deuxième session ordinaire du CND, en octobre 2021, REAGIR a soumis un mémorandum d’une trentaine de pages sur la refonte du dispositif électoral, comprenant à la fois son diagnostic sans complaisance de la situation ainsi que ses propositions.

Sans qu’il soit nécessaire de dérouler les détails ici, retenons néanmoins les principales propositions :

1) Un audit indépendant du fichier électoral, une révision conjointe de la liste électorale par l’Administration et les partis politiques ainsi que sa publication en ligne. Pourquoi la liste électorale doit-elle continuer de demeurer un secret d’Etat alors que le ministère de l’éducation nationale et celui de l’enseignement supérieur ont mis en place des dispositions de consultation et de gestion des apprenants sur des plateformes en ligne ?

2) L’allongement de la période de campagne pour l’élection présidentielle de 15 jours à un mois ;

3) Le recours à la vidéo afin d’établir de manière incontestable les opérations de dépouillement des résultats dans les bureaux de vote.

4) Le financement équitable et des campagnes électorales

Monsieur le Président de REAGIR
Distingués Invités, Mesdames et
Messieurs les Congressistes,
Chers Compatriotes, Mesdames et Messieurs,

Nous vous remercions pour votre aimable attention et aux congressistes, nous souhaitons un bon retour dans leurs localités et familles respectives. Vive REAGIR et que Dieu bénisse le Gabon Fait, à Libreville, le 20 mars 2022.

Jean Valentin LEYAMA,
Secrétaire Exécutif de REAGIR

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