Déclaration de Mike JOCKTANE Président Leader de Gabon Nouveau

17 juin 20220
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Déclaration de M. Mike JOCKTANE Président Leader de Gabon Nouveau
Sur la situation de crise à la CNSS et dans les autres caisses sociales de l’Etat (CNAMGS, CPPF) Libreville, le 16 mai 2022

Mesdames et Messieurs de la Presse,

Je vous remercie d’avoir répondu présents à mon invitation à ce point de presse portant sur la situation chaotique des caisses sociales sous tutelle de l’Etat, notamment la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) et la Caisse des Pensions et des Prestations Familiales des agents de l’Etat (CPPF).

Comme vous le savez, la semaine dernière a été émaillée par des remous sociaux qui ont débouché sur une mobilisation des retraités sur l’avenue jouxtant la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS).

Privilégiant, comme d’habitude, la violence au dialogue social, le Gouvernement a dépêché les forces de police sur place afin de disperser les citoyens manifestant pacifiquement.

En faisant cela, il montre une fois de plus ses limites et son incapacité à gérer les préoccupations légitimes des populations et, de fait, il installe volontairement un climat social et même politique délétère dans le pays.

Le Gabon Nouveau et moi condamnons fermement ces méthodes et ne pouvons rester insensibles devant la gravité d’une telle situation. En effet, notre leitmotiv est l’amélioration significative des conditions de vie des Gabonaises et des Gabonais ainsi que leur bien-être social.

De ce fait, nous ne pouvons ne pas réagir pour défendre les droits du peuple gabonais face à la destruction progressive de notre modèle social.

Nous nous tenons donc fermement du côté des retraités de la CNSS et des assurés de la CNAMGS malmenés par une gouvernance politico-administrative qui n’a visiblement plus de solutions sérieuses à proposer et demeure incapable de se réformer en interne. C’est une preuve patente de l’échec de la politique sociale du régime en place.

En effet, la situation de crise à la CNSS est analogue à celle qui couve en ce moment à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) et à la Caisse des Pensions et des Prestations des Fonctionnaires (CPPF), puisque toutes connaissent les mêmes travers, notamment :

 Les difficultés à payer les salaires des agents, signe annonciateur d’une cessation de paiement à moyen terme pour les deux autres caisses ;

 L’incapacité à assurer les missions de solidarité nationale pour lesquelles ces structures ont été créées. On voit bien dans les hôpitaux publics, privés et les pharmacies comment les assurés CNAMGS sont refoulés et les grèves que tout cela entraine ici et là, parce que cette dernière ne paie pas correctement.

Au vu des informations publiquement disponibles, la faillite est aux portes des trois caisses. Les causes en sont connues :

o Des effectifs pléthoriques ;
o Une masse salariale trop importante absorbant une partie
conséquente de l’enveloppe budgétaire censée être consacrée au
suivi sanitaire des assurés et au paiement des retraités ;
o La mauvaise gestion caractérisée par des distractions des fonds
publics et
o Des choix d’investissements ou de dépenses éloignés du cœur de
métier de ces structures.

S’agissant particulièrement de la CNSS, au-delà du déficit trimestriel de paiement des pensions estimé à 28 milliards de FCFA, le budget de restructuration de la CNSS serait, de l’avis des spécialistes, évaluée à près de 500 milliards de FCFA. Raison légitime de se demander, où est-ce que le Gouvernement et son administration provisoire de la CNSS, dans la conjoncture actuelle, iront-ils débusquer une telle enveloppe ?

En effet, comment comprendre qu’une société qui a été accompagnée par l’Etat pour emprunter 45 milliards de FCFA en avril 2019 à la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) pour la construction de mille (1.000) logements sur le site d’OKOLASSI, via CNSS IMMO, une filiale créée à cet effet, puisse se retrouver, trois ans plus tard, en situation de cessation de paiement ? Où est donc passé tout cet argent ?

Cette question a tout son sens puisqu’à ce jour, nous attendons toujours de voir les logements promis. A leur place, se trouverait un vaste chantier en ruines d’après diverses sources qui font également état d’un pillage en règle et de la vente des parcelles par des individus douteux.

Entre temps, de l’aveu même des dirigeants de la CNSS, la structure accuse des déficits phénoménaux à tous les niveaux de sa gestion depuis plusieurs années :
- En matière sociale :

La CNSS compte un effectif de 1.976 employés dont certains, comme le Directeur Général, sont nommés par l’État. Seuls 3% de ces 1.976 agents ont été formés aux métiers de la sécurité sociale, ce qui coûterait 2 milliards de francs CFA par trimestre. Or, pour un fonctionnement optimal, la CNSS ne nécessiterait que 600 agents.

En lieu et place d’une structure tournée vers la protection sociale des salariés et
des retraités, elle a été transformée en un cadre d’accueil de toutes formes de clientèle politique et ethno-régionale. Les conséquences fâcheuses sont là :

  En matière financière et comptable :

• Découvert sur presque tous les comptes bancaires ;
• 55 milliards de crédits spot cumulés sur plusieurs années ;
• Dettes fournisseurs de 10 milliards dont près de 6 milliards de fausses factures et surfacturation, selon les partenaires sociaux ;
• 5.000 retraités en attente depuis plus de 5 ans du paiement de leurs retraites pour un montant de 19 milliards de Francs CFA ;
• Masse salariale explosive qui représente 41% des frais de gestion de la CNSS ; • Déficit de la branche des pensions connue depuis 2005 ;
• Manipulation des états financiers pour masquer des déficits structurels estimés à plus de 28 milliards de Francs CFA

A cela s’ajoute le train de vie dispendieux des dirigeants qui, d’une administration à une autre, se sont attribués des avantages colossaux tels que des frais de missions, des primes de recouvrement et divers forfaits ou bonus pour des montants chiffrés à plusieurs millions de Francs CFA par jour !
Ainsi, l’argent des retraités de la CNSS et des assurés de la CNAMGS a été l’objet de spéculations financières et de manipulations abusives de la part des dirigeants, sous le regard complice du gouvernement.

Aujourd’hui, c’est à eux d’attendre et de supporter, chassés comme des voleurs et gazés au lacrymogène parce qu’ils revendiquent leur propre argent, leurs droits.

Entre temps, les responsables de cette banqueroute ne sont pas inquiétés. Est-ce cela un Etat de droit ? Un pays émergent ?

 Sur le point précis des dettes sociales :

On note 85 milliards d’impayés de l’Etat (Main d’œuvre non permanente (MONP) et diverses sociétés d’Etat). Le gouvernement s’est engagé à régler une partie de cette dette à travers 2 conventions :

• Une de 21 milliards de Francs CFA pour la dette liée à la M.O.N.P. et
• Une autre de 39 milliards de Francs CFA pour le compte des sociétés d’État ; une parole qui peine à se réaliser, avec des finances publiques elles-mêmes
en difficulté.

Dans le même temps, avec les crises économiques antérieures et la survenance de la Covid-19, beaucoup de sociétés qui alimentaient la CNSS ont dû fermer leurs portes. Du coup, beaucoup de salariés qui cotisaient ont perdu leur emploi. La conséquence est directe : les recouvrements sont passés de 40 à 19 milliards de Francs CFA par trimestre.

A côté de cela, il faut souligner que près de 700 entreprises ne paient pas les cotisations de leurs salariés à la CNSS, soit un manque à gagner de 300 milliards de Francs CFA.

Sur les 19 milliards de Francs CFA recouvrés par trimestre, la part réservée aux salaires est de 2 milliards de FCFA, contre 9,5 milliards de francs CFA seulement pour les retraites, alors qu’il en faut 20. Le reste, soit près de 8 milliards de Francs CFA, irait au fonctionnement (fournisseurs, missions...) et aux autres prestations techniques (prestations familiales, risques professionnels, accidents de travail et maladies professionnelles).

Mesdames et Messieurs de la presse,

On comprend que les retraités, nos anciens, sont méprisés, désabusés, escroqués par la CNSS et le gouvernement. Où va le Gabon à ce rythme de gabegie et de mal gouvernance ?

Dans un sursaut, le gouvernement a annoncé des mesures visant à redresser les comptes et la gestion de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale dont la dissolution de ses organes décisionnaires, à savoir le conseil d’administration et la direction générale.

En remplacement, il a instauré une administration provisoire avec un mandat d’une année pour accomplir cette lourde mission.

Il est évident que l’entière responsabilité politique de la faillite ou la cessation de paiement actuelle de la CNSS repose sur le Gouvernement. En effet, les maux qui minent cette structure parapublique sont dénoncés depuis des années par les partenaires sociaux sans que la tutelle n’intervienne vigoureusement pour stopper les dérives administratives et financières.

Aujourd’hui, ce sont des pères et des mères de familles du troisième âge qui se retrouvent dans une situation d’une indicible précarité avec, à la clé, l’insécurité sociale et des incertitudes sur l’avenir de leur progéniture.

En arrachant in extremis un accord avec quelques banques pour sauver le paiement des retraités cette semaine, le Gouvernement a trouvé une solution provisoire qui, de toute évidence, ne pourra tenir longtemps.

Dans l’optique de trouver une solution pérenne à cette crise dans l’intérêt des salariés et des retraités de la CNSS, je suggère que le Gouvernement ouvre la voie à un dialogue franc et intense en invitant les partenaires sociaux à construire, avec lui, un agenda de réformes telles que :

 La prise de mesures structurelles idoines dans le respect des droits des salariés au regard de l’inévitabilité de l’option d’un Plan Social pour ajuster les effectifs et la grille salariale de la CNSS aux réalités budgétaires actuelles ;
 L’audit de la dette de la CNSS et le dégagement des responsabilités ;
 La limitation des pouvoirs de l’Administration provisoire ;
 Le gel de nouveaux recrutements durant la période transitoire ;
 La transformation du modèle économique de la CNSS ;
 La mise en recouvrement systématique des agents économiques privés ;
 La refondation des textes organiques de la CNSS pour la ramener à son activité centrale et renforcer la sécurité des fonds collectés.

Mesdames et Messieurs de la presse,

Pour clôturer ma déclaration, je tiens à souligner qu’une restructuration de la CNSS ne sera durable que si le gouvernement honore ses engagements, revoit le code du travail et relance véritablement l’économie, au-delà de simples slogans démagogiques. Car, au-delà des modèles de gestion que l’on peut imaginer ou chercher à transposer de l’étranger, c’est le dynamisme économique (investissements soutenus, croissance hors pétrole à deux chiffres, salaires revalorisés et emplois massifs) qui va véritablement garantir le financement de la sécurité sociale sur le long terme.

Sur ce, je ressens une forte crainte quant à la capacité et à la volonté de ce régime finissant d’y parvenir.

Enfin, je tiens à réitérer mon soutien total et indéfectible aux retraités de la CNSS à qui l’Etat gabonais doit au minimum de la reconnaissance. Je rappelle qu’ils n’ont pas à payer les conséquences de nominations politiques fantaisistes qui ont plongé la CNSS dans la faillite actuelle.

De ce fait, j’enjoins les autorités gabonaises à les traiter avec respect et dignité en procédant au versement régulier de leurs pensions de retraite. J’estime que ne pas payer leurs pensions à nos anciens est tout simplement inacceptable et doit être considéré comme une haute trahison envers notre nation.

Déclaration de M. Mike JOCKTANE
Président Leader de Gabon Nouveau

Je vous remercie.

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