Monsieur le Président de la Commission des lois,
Madame le Premier ministre,

C’est malgré moi que je vais participer à cette tragi-comédie qui nous est servie aujourd’hui, à cet enterrement, ces obsèques de la République.

Cela ne change rien sur le fond, me diriez-vous et à raison puisque la pratique ne changera pas fondamentalement. Mais pour nous, l’illusion de la République disparaîtra. C’est peut être mieux ainsi. Au moins les choses sont claires.
Le Roi est mort, Louis XV est trop jeune pour accéder au trône, on installe la Régence. On est en 1715.

J’ai entendu mes collègues se demander qui des trois composantes du Triumvirat tiendra la baguette. Moi je leur réponds aucun. Je ne suis pas de ceux qui regardent le doigt quand on leur montre la lune. Madame le Premier Ministre, l’architecture de votre projet de révision de la Constitution est facile à décoder : tout converge vers la Cour constitutionnelle qui de fait est placée au sommet de la "chaîne alimentaire des institutions". C’était déjà le cas, me diriez-vous, mais là nous avons la confirmation.

Maintenant que vous avez tué la République, puisque l’exercice auquel nous sommes conviés aujourd’hui n’est qu’une simple formalité, le silence complice de nos frères du PDG et de leurs alliés en est l’illustration ; maintenant que la République est bien installée dans le cercueil, ma question est :
c’est quoi le coup d’après ?

Je vous remercie.

Maxime Minault Zima Ebeyard
Député à l’Assemblée Nationale du Gabon