CRISE POSTELECTORALE DU GABON /La dernière sortie de Jean Ping confirme son rôle d’opposant

8 novembre 20170
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En dénonçant le projet de révision constitutionnelle du gouvernement gabonais, Jean Ping semble enfin être entré dans son rôle d’opposant, malgré qu’il refuse toujours de reconnaître le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba.

Plus d’un an après l’élection présidentielle, le pouvoir ne reviendra pas à Jean Ping comme cela était tant espérer par nombre de gabonais. Le leader de la Coalition pour la nouvelle République semble en être désormais conscient. Son discours du samedi 4 novembre a laissé entrevoir qu’il opérait une transition de la lutte pour le fauteuil présidentiel, à la lutte classique que mène tout opposant à un régime, c’est-à-dire s’opposer aux actes et décisions du gouvernement défavorables au peuple. A partir de ce discours, celui que la Cour constitutionnelle avait déclaré vaincu par Ali Bongo s’intègre peu à peu dans son rôle d’opposant. Le gouvernement gabonais, très futé, aurait peut-être brandit le projet de modification de la constitution pour changer de débat, afin que la classe politique et l’opinion se focalisent sur autre chose, faire oublier le vote et les violences qui s’en sont suivies. Tous les opposants, y compris Jean Ping, ont sauté à pieds joints pour dénoncer la modification de la Loi fondamentale, oubliant qu’il ne s’agit pour l’heure que d’un projet devant être soumis à l’Assemblée nationale, même s’ il est vrai que cette dernière est aux couleurs du parti au pouvoir.

Même avec l’aide de l’Union européenne, la prise de pouvoir par Jean Ping ne peut pas être effective après la prestation de serment. Le Gabon est reconnu comme un Etat souverain et aucun autre pays ou organisation ne peut agir contre la souveraineté d’une nation reconnue sur le plan international. En d’autres termes, ce qui se passe au Gabon n’engage que la responsabilité des gabonais eux-mêmes. Pour preuve, les appels vers la France, que ce soit des gabonais ou des eurodéputés ont été vains.
Ndenguino Mpira Hermanno, enseignant à l’Université Omar Bongo, spécialiste des relations internationales, a donné son avis sur ce sujet : « Beaucoup à travers le continent pensent que les Etats africains ne sont pas encore tout à fait indépendants. Ils estiment que la France joue un rôle politique et économique sur ses anciennes colonies. C’est sur ce point de vue que les résistants font appel à la France. Ils estiment que l’ancienne puissance coloniale joue un rôle de maintien au pouvoir à travers ses intérêts au Gabon. Mais à partir du principe de souveraineté, la France ne peut pas influencer de façon directe l’organisation constitutionnelle des Etats. Ali Bongo Ondimba est un président légal, c’est-à-dire qu’il est reconnu par les institutions et au nom du principe de souveraineté, il est reconnu par ses paires comme étant le président de la République du Gabon ».

Régime au pouvoir et opposition semblent bien conscients de ce principe de souveraineté qui conforte Ali Bongo Ondimba. Il ne leur reste plus qu’à jouer au jeu du chat et à la souris engagé depuis plusieurs mois. Jean Ping ne sortira pas avec ses partisans pour marcher vers la présidence et Ali Bongo n’enverra jamais ses troupes arrêter son adversaire politique qui a pourtant franchi la ligne rouge le 18 août dernier en prononçant un discours solennel en tant que chef de l’Etat.

Georges-Maixent Ntoutoume

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