Conseil des ministres : entre infrastructures et libertés démocratiques ?

30 janvier 20150
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Le communiqué final du conseil des ministres a annoncé la mutation de l’ANGT et du FR en une nouvelle agence mais aussi l’assouplissement des sanctions contre les partis politiques. Mais entre infrastructures et libertés démocratiques, les attentes semblent encore bien considérables.

Agence Nationale des Grands Travaux d’Infrastructures (ANGTI)

Comme les séminaires gouvernementaux précédents, celui qui s’est tenu le week-end dernier à la pointe Denis a lui aussi engendré de nouvelles mesures dont la plus ou moins inattendue, celle de la fusion entre l’agence nationale des grands travaux ( ANGT) et le fond routier (FER). Les deux institutions deviennent l’Agence Nationale des Grands Travaux d’Infrastructures (ANGTI) dont le rôle sera de mettre en œuvre le Schéma Directeur National d’Infrastructures en vue d’en maîtriser les coûts, de garantir la qualité des ouvrages et de respecter les délais d’exécution dans un but d’intérêt général.

Si l’annonce de cette nouvelle structure rattachée à la présidence comme les précédentes paraît ambitieuse, rien ne semble garantir que ce rôle sera joué pleinement. Certes, ladite fusion devrait créer une synergie qui impulserait le développement des infrastructures, mais vu les chantiers lancés dont les travaux ne se poursuivent pas, à l’exemple de la future marina au port môle de Libreville, il semble peu probable que la nouvelle agence puisse jouir de tous les moyens dont elle aura besoin. Le nom des deux agences a changé mais les problèmes sont les mêmes. Selon la Présidence de la République, plus de 600 km de route ont été bitumés depuis 2009, un fait visible dans certaines zones à l’intérieur du pays. A Libreville, les automobilistes se plaignent au quotidien de l’état des voies. Ils souhaitent que les chiffres annoncés se répercutent dans la circulation.

Retour des partis dissouts ?

Le gouvernement, dans le communiqué livré jeudi a décidé, comme l’avait annoncé le chef de l’Etat dans son dernier discours à la Nation, d’assouplir les sanctions frappant les membres fondateurs ou dirigeants d’un parti politique dissout ; de renforcer la stabilité du fonctionnement des partis politiques ; d’encadrer l’exercice des libertés démocratiques ; de protéger les Institutions de la République. Si la protection des institutions est une fonction de l’Etat à ne pas mettre en doute quelque soit le type de régime, l’on peut se demander de quel type d’encadrement des libertés démocratiques fait allusion ce projet. Cette ordonnance semble implicitement dire que l’Union Nationale (car c’est bien de ce parti dissout qu’il s’agit) pourrait être réhabilitée mais ses activités seront sous haute surveillance et que ses membres pourraient être contraints à certaines restrictions. Pourvu que l’encadrement des libertés dont fait allusion le gouvernement ne pousse la démocratie à reculer d’un pas ou plus.

Au Gabon, même si la liberté d’opinion est un fait réel, nombre de personnes s’accordent à dire toujours que la démocratie gabonaise a encore un grand chemin à parcourir. Entre l’interdiction d’exister d’un parti politique et l’encadrement de ses libertés ou de ses activités par le gouvernement, la différence ne semble pas bien grande.

Georges-maixent Ntoutoume

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