"À Libreville, qui ignore que les bars sont ouverts ?"Appel à Agir

23 octobre 20200
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Dans sa déclaration datée du 21 octobre de l’année en cours, les membres du mouvement socio-politique "Appel à Agir" ,a une énième fois, manifesté son indignation face à la situation qui fait couler beaucoup de salive et d’encre. Ne pouvant être indifférent à la gestion de la crise sanitaire due au Covid-19, au bras de fer qui oppose l’Etat gabonais ,l’Eglise catholique et les autres confessions religieuses, le mouvement socio-politique a réagi et rendu public sa déclaration.

On le savait tempétueux, irrationnel et injuste, le Coronavirus lui a donné l’opportunité d’étaler tout le mal et la sottise dont il sait faire montre. Face aux souffrances diverses que ce régime fait subir au Peuple gabonais, aux pressions socio-économiques, aux injustices et au piétinement de nos valeurs morales et ancestrales, nous n’avons plus d’autre alternative que désobéir et appeler à la désobéissance. Parce nul ne doit obéir à une loi injuste ni ne se soumettre à un pouvoir illégitime.

Depuis le 12 mars 2020, suite à l’apparition d’un premier cas de Coronavirus dans notre pays, le gouvernement a pris des mesures supposées endiguer la propagation du virus. Devant ces mesures, d’une violence inouïe et aux effets pervers sociaux et économiques multiples, le peuple gabonais a consenti aux efforts nécessaires. À la crise institutionnelle pour laquelle nous cherchons une solution depuis au moins le 28 février 2019 s’est ajoutée une crise sociale et économique.

Depuis plus de sept mois, sans aucune base médicale objective,et malgré que les indicateurs sanitaires soient passés au vert, un état d’urgence sanitaire pèse sur le quotidien des gabonais,restreignant de façon drastique les libertés individuelles. En violation de nos droits constitutionnels et au détriment de notre vivre ensemble,nous subissons la privation des libertés de culte, la privation de la liberté de circuler, l’interdiction de commercer avec notamment la fermeture des bars, boîtes de nuit et d’autres services définis par le gouvernement comme non essentiels.

Chemin faisant, alors que le risque sanitaire s’est objectivement éloigné du Gabon, le pouvoir continue à jouer au zigzag, durcissant les interdictions ici, allégeant les mesures là, créant une cacophonie qui porte le nom de l’injustice. C’est contre cette injustice et cette cacophonie que les églises en général et le clergé catholique en particulier s’insurgent à raison. Comment en effet expliquer que les marchés soient ouverts et que les lieux de culte soient fermés ? Comment justifier que les paiements dans nombre de commerces se font en numéraire et qu’on oblige les chrétiens à donner la quête par Airtelmoney ? Qu’est-ce qui justifie que certaines écoles privées soient ouvertes et que les écoles publiques soient fermées ? Pourquoi les universités sont-elles ouvertes alors que les lieux de cultes sont maintenus fermés ? Pourquoi exiger des tests Covid-19,de surcroît facturés à 5000 frs, aux prieurs dans les maisons de culte, alors que la circulation dans tous les lieux, jusqu’aux administrations publiques, se fait exclusivement dans le respect des mesures barrières telles que le port du masque ? Pourquoi les membres du parlement et des militants du PDG et leurs satellites ont le droit de se regrouper à plus de 30 personnes, sans présenter aucun test négatif au Covid-19 et que les autres citoyens en sont interdits ?

Les mesures récemment édictées par le gouvernement ont consacré des inégalités sociales et économiques qu’on ne peut tolérer dans un pays où les populations sont historiquement pacifiques et plutôt respectueuses de l’ordre républicain. Mais si ces populations se sont souvent accommodées de tant d’injustices, elles ne peuvent les ingérer tout le temps. C’est pourquoi, en toute objectivité, dans le respect des mesures barrières (port du masque, lavage des mains), il convient d’ignorer la panoplie d’autres mesures dont l’objectif poursuivi est moins la lutte contre le Coronavirus qu’un musèlement des populations.

Nous observons de nouveau, comme après le coup d’État manqué du 07 janvier 2019,perpétré par de jeunes soldats de la Garde Républicaine, qu’Ali Bongo est silencieux. Depuis le 28 février 2019, nous demandons que soit proclamée la vacance du pouvoir. Nous avons saisi les institutions judiciaires et constitutionnelles à cet effet. Si la Justice s’est mêlée la langue et le droit, elle n’a pas permis de connaître de l’affaire. A ce jour, malgré quelques apparitions de celui qu’on présente comme Chef de l’Etat, nous restons convaincus qu’Ali Bongo n’est plus en capacité de diriger le Gabon. La preuve, s’il en faut, ses fréquents silences lors des moments clés de la vie nationale. Faut-il une préparation particulière, des exercices fréquents pour qu’Ali Bongo prenne instamment la parole ? Présider un Etat, ce n’est pas faire la comédie. Au théâtre et au cinéma, on joue un jeu et on répète les gestes et les paroles, à la direction du pays on parle et on exécute sa propre pensée. Les apparitions publiques d’Ali Bongo ressemblent fort malheureusement au théâtre et au cinéma, à de la fabrication.

Il n’est plus un secret pour personne qu’Ali Bongo a perdu les capacités de sa fonction à cause de sa maladie. Ainsi, pour la lutte contre le Coronavirus, l’Etat d’urgence que seul doit déclarer le président de la République a été transféré au Gouvernement. De même, et plus avant, la réactivation avec un contenu nouveau de la fonction de Coordinateur général des affaires présidentielles a échu au fils d’Ali Bongo, pour tenter de contenir les conséquences de l’incapacité d’Ali Bongo. Et lorsque nous posons la question : « Qui dirige le Gabon ? », la réponse est toute donnée avec ces mécanismes institutionnels qui, hélas, ne parviennent pas à dissimuler l’incapacité d’Ali Bongo.

Dans cette situation, face à des lois injustice, la désobéissance est la seule réponse. L’église catholique n’est pas première à défier l’autorité des décisions iniques qui s’abattent sur la société. À Libreville, qui ignore que les bars sont ouverts ? Qui ignore que toutes les semaines, le Mess des armées sert de cadre aux dîners de noces ? Qui ignore que les policiers dans les commissariats ne portent pas de masques ? Qui ignore que le Commandant en Chef de la Garde Républicaine a fêté ostensiblement avec ses troupes,défiant les mesures barrières prises par le gouvernement ? Et que dire des universités ouvertes sans aucun protocole pour lutter contre le coronavirus ? Il y a longtemps que la société, par une sourde révolte, a cessé de respecter l’autorité publique, celle-ci s’étant elle-même fait harakiri. L’autorité publique est elle-même tombé dans ses propres turpitudes.

Loin de servir la protection sanitaire des citoyens, les restrictions gouvernementales n’ont qu’un but et un seul : interdire l’inévitable débat sur la capacité d’Ali Bongo à exercer les charges de la fonction de président de la République. Le peuple gabonais doit exiger toute la lumière sur la situation exacte d’Ali Bongo ; le Gabon et son peuple méritent le respect et la considération. Si le pays a un chef qui parle en son nom, le peuple veut le rencontrer. Si le peuple ne peut rencontrer ce Chef, cela signifie qu’il n’existe pas. Et ce sont donc des imposteurs qui agissent en lieu et place du Chef de l’Etat, orchestrant un coup d’Etat institutionnel au vu et au su de tout le monde. Les Gabonais ne sont pas dupes. Ils voient tous ces manèges.

C’est pourquoi, fidèles à notre esprit républicain, nous invitons de nouveau ceux qui dirigent encore les institutions publiques à déclarer la vacance de pouvoir qui est déjà une réalité factuelle. Dans cette lancée, nous appelons le peuple gabonais à la plus grande fermeté pour faire barrage à toutes ces manigances qui ruinent la survivance de l’État républicain, qui mettent en danger l’unité nationale et enterrent les moindres espoirs d’une prospérité économique de notre pays. Parce que la démarche actuelle des églises est conforme à cet Appel à Agir que nous avons lancé ce 28 février 2019, nous disons aux Chrétiens de notre pays : Pour le Gabon, agissons !Parce que les Chrétiens du Gabon ont décidé de ne plus vivre une citoyenneté au rabais, nous invitons toutes les Gabonaises et tous les Gabonais à se tenir à leurs cotés pour faire échec à l’imposture

APPEL A AGIR

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