DECLARATION DE L’UNION NATIONALE SUR LES NOUVELLES MESURES GOUVERNEMENTALES DE LUTTE CONTRE LA COVID 19.

30 décembre 20210
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Libreville, le 30 décembre 2021-Deux ans après le début de la COVID 19 en Chine et 21 mois après l’apparition du premier cas au Gabon le 12 mars 2020, le moment est venu de prendre du recul et d’apprécier la gestion de cette pandémie dans notre pays.
Dès l’apparition du premier cas de COVID 19, le gouvernement a pris des mesures en vue d’en limiter le risque de propagation.

Les populations gabonaises ont ainsi été astreintes à un confinement total, au couvre-feu, à la fermeture des établissements scolaires, à l’obligation du port de masque, à la restriction des déplacements à l’extérieur et à l’intérieur du pays, au dépistage par des tests PCR, et pour finir, à la vaccination.

Ces mesures, dont certaines limitent l’exercice des libertés individuelles, ont été acceptées par les Gabonais qui n’avaient pas d’autre choix que de se plier à la volonté des pouvoirs publics à un moment où les scientifiques du monde entier avaient très peu de certitudes sur cette maladie. Comme de nombreux peuples de par le monde, les Gabonais ont admis que la protection de la santé garantie par la Constitution, peut autoriser une restriction momentanée des libertés, s’il s’agit d’assurer leur sécurité sanitaire.

Au 28 décembre 2021, on dénombre plus de 5 millions 400.000 décès à travers le monde. Aucuns pays n’est épargné. Les États-Unis, la première puissance du monde est plus touchée avec plus de 818.000 morts. Viennent ensuite le Brésil avec près de 618.000 décès, l’Inde en a plus de 480.000, la Russie plus de 299.000, le Royaume-Uni plus de 148.000, l’Italie plus de 136.000, la France plus de 123.000, l’Allemagne plus de 110.000. Et ce n’est certainement pas fini. Personne ne peut nier ni l’existence, ni la dangerosité de l’affection qui ébranle le monde depuis près de deux ans.

Cependant, la pénétration de la pandémie sur le continent africain nous oblige à en relativiser l’impact. Certes l’Afrique du Sud dénombre plus de 90.000 décès à ce jour, l’Égypte plus de 21.000 et le Maroc plus de 14.000. Dans l’ensemble néanmoins, notre continent est le moins affecté. En prenant le cas spécifique de notre sous-région Afrique centrale pendant la même période, le Cameroun dénombre 1851 décès, le Congo Brazzaville : 367, la Guinée Équatoriale : 175, le Tchad 181, et la Centrafrique 101 décès.

En ce qui concerne notre pays le Gabon, depuis que nous avons enregistré le cas zéro en mars 2020, un million et demi de tests ont été réalisés par le Comité de Pilotage du Plan de Veille et de Riposte contre l’épidémie à Coronavirus (COPIL). Ils révèlent qu’environ 39.000 personnes ont été infectées. Ce qui représente le très faible taux de pénétration de 2,6%. Ils révèlent aussi que seulement 5,5 personnes sur 100 qui ont été infectées en ont été malades, que 94% des malades ont guéri et enfin que sur la totalité
des tests réalisés, 287 personnes infectées sont décédées.

Ce qui signifie que sur 10.000 personnes testées, seulement 2 sont décédées de la Covid. En continuant la comparaison, si les USA dénombrent plus de 1000 décès en moyenne par jour, si la France en dénombre plus de 160, le Gabon comme le Tchad, le Cameroun, le Congo, la Centrafrique et la plupart des pays d’Afrique subsaharienne ont moins d’un décès par jour en moyenne depuis bientôt 2 ans. Nous rendons hommage à ceux qui y ont perdu la vie. Nous respectons et compatissons à la douleur de leurs familles.

Mais reconnaissons objectivement qu’une maladie qui ne tue qu’une personne sur 20.000 ne mérite pas qu’on mette un pays sous une cloche hermétique et au ralenti comme nous le subissons aujourd’hui. Surtout quand on sait que d’autres affections, telles que le paludisme, tuent plus de 500 personnes chaque année dans notre pays.

Rien ne justifie donc que le gouvernement se lance dans la frénésie actuelle au prétexte de la lutte contre la pandémie du Coronavirus. Du coup, une stratégie sanitaire qui pouvait au départ apparaître comme temporaire et supportable à court terme, devient permanente et insupportable aux yeux des Gabonais. Ils ne comprennent plus ni la prise, ni l’application des mesures inutiles et injustifiées qui compliquent fortement leur quotidien devenu de plus en plus difficile. C’est le cas du couvre-feu, qui n’a pas prouvé son efficacité et dont on cherche encore l’explication scientifique.

Son objectif est devenu plus sécuritaire que sanitaire et s’accompagne de rackets, d’humiliations et de violences des forces de l’ordre chargées de l’appliquer. L’UNION NATIONALE demande au gouvernement de lever cette mesure qui, depuis bientôt deux ans, prive les Gabonais d’une vie sociale normale, et a coûté la vie à deux compatriotes dans la contestation enclenchée par le mouvement des casseroles.

L’autre mesure emblématique est incontestablement la vaccination dont la plus haute autorité du pays avait pris l’engagement devant la Nation qu’elle ne serait pas obligatoire. Véritable source de préoccupation pour les Gabonais, nous constatons qu’il ne s’agit encore que d’une promesse non tenue qui vient s’ajouter à celles déjà nombreuses, annoncées depuis 2009. Car, par le biais des mesures restrictives imposées aux personnes non vaccinées, le gouvernement rend de fait le vaccin obligatoire en introduisant une discrimination entre citoyens.

Elle est inacceptable parce que contraire à la Constitution. Le respect du couvre-feu, l’accès au travail, l’entrée dans les services publics nous mettent face à deux catégories de Gabonais, les vaccinés ou détenteurs d’un test PCR qui ont tous les droits et les non vaccinés qui n’en ont aucun. Tout en rappelant que la liberté de circuler et le droit au travail font partie des libertés et droits fondamentaux de la personne, ils ne peuvent être assujettis à la présentation d’un quelconque document dont la différence de prix viole le principe constitutionnel d’égalité des citoyens. Cette violation est d’autant plus flagrante que rien n’est dit sur la durée de validité de ce pass sanitaire.

Est-il valable toute la vie ou uniquement pour les 45 jours prévus par la loi 003/2020 sur laquelle se base le gouvernement pour l’instituer ?

C’est pour exprimer le mécontentement des populations, particulièrement à propos de l’insidieuse obligation vaccinale, que la société civile a introduit un recours en annulation de l’arrêté N° 0559/PM du 25 novembre 2021 fixant l’entrée en vigueur des nouvelles mesures de prévention, de lutte et de riposte contre la propagation de la COVID 19. L’UNION NATIONALE s’est exprimée sur la décision de la Cour Constitutionnelle rendue à la suite de sa saisine par le Copil citoyen.

Après cette décision, le gouvernement a pris un autre arrêté le 24 décembre 2021 référencé 0685/PM. Cet arrêté reprend, à la virgule près, les mesures édictées par le précédent, cette fois d’application immédiate. Comme il fallait s’y attendre, le COPIL CITOYEN a tout de suite réagi en introduisant deux nouveaux recours, l’un auprès de la Cour constitutionnelle et l’autre au Conseil d’Etat.

Face à cet acharnement du gouvernement à faire appliquer des mesures impopulaires, L’UNION NATIONALE dénonce une fois de plus, l’autoritarisme d’un gouvernement mu par la seule volonté de confisquer l’espace public et civique tout en favorisant l’enrichissement illicite des acteurs en charge de la gestion de la crise sanitaire. L’UNION NATIONALE exprime tout son soutien au COPIL CITOYEN et se réserve le droit de se tenir à ses côtés pour toutes les actions qu’il entreprendra dans le cadre de la défense des droits fondamentaux et libertés publiques ou individuelles.

Si le caractère obligatoire de la vaccination ne saurait être accepté, l’UNION NATIONALE recommande néanmoins au gouvernement de poursuivre ou intensifier les campagnes de sensibilisation, de prévention et d’explications sur la vaccination, afin d’obtenir l’adhésion des populations face à une pathologie qui les menace directement.

Pour en revenir à la gestion de la crise sanitaire devenue sociale, politique, économique et sécuritaire, l’UNION NATIONALE constate le paradoxe du gouvernement pour qui cette pandémie a un caractère exceptionnel, alors que dans le même temps, sa prise en charge par l’Etat n’est pas à la hauteur de la gravité qu’il veut lui donner. Si dans un premier temps, les Gabonais ont accepté, bien qu’à contre-cœur, les premières mesures mises en place, ils se rendent bien compte aujourd’hui que la COVID-19 est devenue une source de revenus pour tous ceux qui ont en charge la gestion de cette pandémie et leurs proches, dont l’enrichissement effréné éclipse désormais l’objectif initial des mesures sanitaires.

Face à l’opacité financière qui entoure la gestion de la crise sanitaire, le précédent Premier ministre avait demandé une enquête parlementaire, qui a été réalisée. Depuis plus d’un an, le peuple gabonais en attend toujours les conclusions, le Président de l’Assemblée nationale se refuse à rendre public le rapport ou à le porter à la connaissance de l’ensemble des députés. Plus récemment, le FMI (Fonds Monétaire International) a exprimé sa gêne face aux difficultés à obtenir un rapport exhaustif de la gestion du prêt d’urgence de 28,7 milliards de Fcfa accordé au Gabon et décaissé en 2020.

Le GABON a perçu beaucoup de dons de pays amis. En plus de ces dons, sous prétexte de faire face à la crise, notre pays s’est lourdement endetté. Les retombées de ces dettes que nos enfants auront à rembourser ne se sont pas traduites dans la prise en charge des malades. Bien au contraire, les syndicats des médecins et personnels de santé, dont plusieurs ont donné de leurs vies, n’ont de cesse de dénoncer leurs conditions de travail, quand les familles des malades et les malades eux-mêmes constatent les ordonnances kilométriques qui leur sont remises en cas d’hospitalisation. Plus grave, pourtant indispensable dans le traitement des cas admis en réanimation, l’oxygène n’est pas toujours disponible dans nos hôpitaux.

Malgré les sommes englouties, on ne note aucune amélioration qualitative et quantitative des plateaux techniques dans les services de réanimation. Dans les centres hospitaliers régionaux, la situation ne s’est guère améliorée, et la pratique des tests PCR n’est pas généralisée sur l’ensemble du pays alors que l’implantation de 60 centres de dépistage répartis sur l’ensemble du territoire avait été annoncée. L’UNION NATIONALE demande que la liste de ces 60 centres de dépistage soit rendue publique.

Pour les tenants du pouvoir, la gestion de la Covid 19 a été transformée en une vaste mangeoire où chaque acteur, à l’endroit où il se trouve, se gave au détriment des populations, otages de cette situation. Et pendant que les services médicaux sont dépourvus de l’essentiel pour une prise en charge optimale des malades, les tenants du pouvoir se distribuent les marchés de gré à gré à coups de milliards, tels que celui de l’alimentation des malades de la COVID 19, confié à un restaurant bien connu de la place.

Parce que le remboursement des dettes incombera aux générations futures, l’UNION NATIONALE appuie la décision du FMI (Fonds Monétaire International) qui exige la publication des marchés attribués dans le cadre de la lutte contre la COVID 19, la liste des entreprises bénéficiaires desdits marchés, ainsi que les noms des propriétaires desdites entreprises. Dans le même ordre d’idées, l’UNION NATIONALE exige la publication du rapport de la Commission d’enquête parlementaire sur la gestion des fonds COVID 19.

Les Gabonais ont le droit de savoir comment l’argent public est dépensé. Ils ont le droit de se faire une idée du fardeau que le régime actuel lèguera à leurs enfants et petits-enfants et qui est susceptible d’hypothéquer leur avenir.
L’UNION NATIONALE souhaite connaître le coût réel des mesures prises par le gouvernement tout au début de la pandémie, à savoir, la prise en charge par l’État des factures d’eau et d’électricité, la gratuité des transports à Libreville, la mise en place d’une banque alimentaire.

Depuis plus de 18 mois, plusieurs secteurs de l’économie du pays connaissent de graves difficultés. Il en est ainsi des métiers de nuit dans lesquels plusieurs compatriotes connaissent le chômage. C’est le cas par exemple des boîtes de nuit. La disparition de ces emplois a entraîné une paupérisation des personnes ou les a mises en situation de précarité, sans que les pouvoirs publics ne réagissent.

Les Gabonais souhaitent retrouver une vie normale. Si la nécessité de continuer à observer les gestes barrières et le port du masque n’est plus à démontrer, ils n’entendent plus appliquer des mesures qui restreignent leurs droits et libertés ou les contraignent à une vaccination dont l’efficacité n’est pas prouvée. La plupart des scientifiques prédisent qu’il faut apprendre à vivre avec la COVID 19, ce qui signifie que le virus n’est pas prêt de disparaître.

L’UNION NATIONALE appelle le gouvernement à prendre des mesures qui garantissent les droits et libertés et assurent la protection aux citoyens. Car, au-delà de sa gouvernance si décriée, le climat actuel est révélateur d’un profond malaise.

Je vous remercie.
Odette Jeanine TATY KOUMBA
Vice-Présidente, Porte-parole 2

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