"C’est pas fini !" de Philippe César Boutimba Dietha

6 janvier 20220
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L’actualité gabonaise a été fortement marquée par le Copil citoyen, le Gouvernement et la Cour constitutionnelle. Elle a fait couler beaucoup d’encre et de salive durant plusieurs semaines. Elle a été abondante. Les amoureux des réseaux sociaux ont été nourris, bien nourris. Philippe César Boutimba Dietha, toujours égal à lui-même, a fait couler l’encre de sa plume. Dans un post sur sa page Facebook, il rassure le peuple gabonais, ses compatriotes en disant" C’est pas fini".

C’EST PAS FINI !

Mes chers compatriotes,

1. Face aux injonctions de la Cour Constitutionnelle, le pouvoir exécutif demeure inflexible. Pour la première fois en République gabonaise, le gouvernement reproduit le texte que la haute magistrature a d’abord suspendu puis annulé. Comment expliquer cet entêtement ? Les Nzèbi disent qu’un voleur barbu n’écoute pas les conseils.

Quand un adulte a pris l’habitude de solutionner ses problèmes à travers son défaut particulier, il lui est impossible d’y renoncer. Parmi les défauts de l’exécutif gabonais, il y a l’imitation du gouvernement français. Actuellement les députés de la France Insoumise dénoncent la vaccination rendue obligatoire en France, par le paiement des tests PCR et la gratuité des vaccins. Exactement ce que le gouvernement gabonais veut imposer chez nous.

Ainsi le match de catch opposant le gouvernement et la société civile entre dans sa troisième semaine. Devant la Cour Constitutionnelle, mais aussi face au Parlement et auprès du Conseil d’État, le COPIL Citoyen entend soumettre le pouvoir exécutif à l’abandon définitif de ses mesures sanitaires. Le requérant ayant déjà obtenu deux K.O devant la Cour Constitutionnelle, il est incontestable que son dossier est béton. Il envisage imposer la publication du rapport d’enquête parlementaire sur la gestion de la crise sanitaire en cours. Un document que la société civile croit susceptible de traîner plusieurs gouvernants devant la cour criminelle spéciale, ce qui serait la claque politique suprême.

2. Arrêtons-nous quelques secondes pour dire que ce qui se passe sous nos yeux est un miracle politique. Pendant 42 ans, Omar Bongo avait enseigné au peuple gabonais qu’il vaut mieux préférer "l’injustice au désordre". Si nous étions encore sous sa présidence, les procédures judiciaires d’aujourd’hui auraient été paralysées, d’une manière ou d’une autre. Les nzèbi disent qu’il ne faut pas oublier le cauchemar qu’on a fait la nuit, sous prétexte que le jour est levé depuis longtemps. Il y a trente ans en arrière, les milliards de francs CFA débloqués par l’État pour les victimes d’inondations, avaient été détournés sans pitié par deux hautes personnalités de l’époque. Un soir devant la télé, les populations regardèrent ces leaders politiques bégayer leurs incohérences au micro de la RTG1.

Ces gens-là ne furent jamais inquiétés jusqu’à aujourd’hui.

Oui, le Gabon commence à muter, mais pas aussi vite qu’on le souhaite. Lors de sa conférence de presse de lundi 3 janvier 2022, le COPIL Citoyen a prouvé que depuis deux ans, les mesures gouvernementales sont hors-la-loi, c’est-à-dire en porte-à-faux avec les décrets présidentiels de 2020. Jamais en effet le Chef de l’État gabonais n’avait décrété le paiement des tests PCR, puisque que ceux-ci nous étaient venus gratuitement de la coopération coréenne. Dans la soirée de cette conférence de presse, le Conseil des ministres a annoncé son intention de conformer ses mesures sanitaires à la loi, ce qui sous-entend qu’il reconnaît les récriminations du COPIL Citoyen, confortant ainsi sa "présomption de culpabilité".

3. La plume du président de la Cour Constitutionnelle que je vous partage en annexe dit que la deuxième lettre du COPIL Citoyen fut rédigée par deux compatriotes : d’abord Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, comme d’habitude en tant que porte-parole de l’organisation, ensuite Madame Justine Judith Lekogo, experte du FMI et ancienne ministre de Julien Nkoghe Bekale. Sauf erreur de ma part, cette femme n’a jamais milité dans un quelconque parti d’opposition. C’est ici la preuve que le COPIL Citoyen réunit des Gabonais de tous les bords politiques, précisément contre la mal gouvernance autours de la crise sanitaire. Nous constatons aussi que cette société civile qui gagne les procédures devant la Cour Constitutionnelle, est représentée par des financiers et non par des juristes ou avocats.

Pour les 71 partis politiques qui attendaient directement la présidentielle d’août 2023, et les parlementaires de la majorité qui boudent en cachette, cette nébuleuse associative est venue oxygéner le débat démocratique. L’opposition y voit un moyen de renforcer ses thématiques. La galaxie présidentielle subit là une pression extraordinaire dans le choix de son futur candidat. Il est évident que les militants ne suivront plus aveuglément n’importe quel prétendant au fauteuil suprême.

Libreville, le 04 janvier 2022
Philippe César BOUTIMBA DIETHA

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