La Côte-d’Ivoire en guerre contre les produits éclaircissants

11 May 20150
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Depuis le 29 avril, la fabrication, la commercialisation et l’utilisation de certains produits éclaircissants sont interdites en Côte d’Ivoire. Cette décision qui a été prise lors d’un Conseil des ministres a relancé le problème de santé publique que représente cette pratique et est une première en Afrique de l’Ouest.

La décision est encore récente et le comité national d’évaluation et d’autorisation de commercialisation des produits cosmétiques et d’hygiène corporelle de Côte d’Ivoire n’a pas démarré ses activités, que la tâche s’annonce déjà rude. Il s’agit pour elle d’être la police de la couleur de la peau des Ivoiriennes. Naturelle, aidée ou forcé... Jamais les questions de couleur de peau n’ont été autant d’actualité dans ce pays. Se dépigmenter la peau, "le tchatcho", comme l’appellent les Ivoiriens, figure au palmarès des conversations depuis l’interdiction officielle des produits qui permettent cette dangereuse transformation.

Composé de membres des ministères de la Santé, du Commerce, de l’Industrie et de la Communication ce groupe a pour mission de "rationaliser la fabrication et l’usage des produits cosmétiques et d’hygiène corporelle afin de sauvegarder la santé publique", a annoncé la ministre de la Communication, porte-parole adjointe du gouvernement à l’issue du conseil des ministres du 29 avril dernier. Aucun pays n’a encore officiellement interdit les produits de dépigmentation. Et pourtant, le fléau est partout présent.

L’Organisation mondiale de la santé mentionnait déjà des chiffres alarmants dans son rapport sur la santé publique et l’environnement daté de 2011. Environ 25% des femmes au Mali utilisent régulièrement des produits éclaircissants, quand au Togo elles sont 59% et que la proportion atteint 77% au Nigéria. Au Sénégal la société civile multiplie les campagnes de lutte contre le blanchiment de la peau mais elle n’a pas encore été suivie par une action gouvernementale. Au Burkina Faso, les publicités vantant les mérites des crèmes éclaircissantes sont interdites depuis une dizaine d’années.

En revanche en Afrique centrale, la République démocratique du Congo interdit la fabrication, la commercialisation et l’utilisation des produits décapant depuis 2006. Mais c’est une mesure loin d’être suivie. Pour ce qui est du Gabon, la pratique tend à se répandre avec la forte importation de ces produits et la légèreté dans les discussions autour de ce thème qui se réduit au simple désir de plaire.

En attendant l’effectivité de l’action contre cette habitude, c’est une prise de conscience personnelle et collective que souhaitent les autorités médicales de l’OMS. Sont frappés du sceau d’interdiction les produits cosmétiques contenant plus de 2% d’hydroquinone, du mercure, des cortisones ou de la vitamine A. Ce sont ceux qui entraînent certains cancers de la peau, des cas de diabète et d’hypertension, une forte sudation, une pilosité prononcée surtout sur le visage ou encore des odeurs corporelles nauséabondes…

Mikel Doussengui

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