Ma lettre de félicitations à Etienne Francky Meba M’Ondo

8 février 20240
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Mon cher Étienne Francky Meba m’Ondo,

Félicitations pour ton courage politique de retourner dans un cabinet ministériel, après l’expérience décevante auprès de Jean de Dieu Moukagni Iwangou, dans la seconde moitié des années 2010.

Je ne sais pas ce que le professeur ABC t’a dit avant de te demander de l’accompagner, mais je sais que le simple statut de conseiller n’est pas suffisant pour te séduire.

Je crois en tes valeurs morales et en ton amour sincère pour notre pays. Je suis quasi certain que derrière cette première étape, il y aura des choses intéressantes pour ton épanouissement politique personnel.

Au passage je suis agréablement surpris que le fondateur du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM) ait pensé au Vice-Président du parti RÉAGIR dans son organigramme administratif.

Cette solidarité entre formations politiques n’est pas fréquente dans notre pays, à cause des suspicions de débauchage politique. Gageons que la suite donne raison à la solidarité plutôt qu’à la rivalité.

Mon cher Francky,

Nous savons tous que tu seras sévèrement scruté, comme les gabonais le font aujourd’hui avec la ministre Laurence Ndong, qui dans l’opposition n’avait jamais fait de cadeau aux gouvernants PDG.

Quand la même chose t’arrivera, il faudra tenir bon et ne pas "claquer la porte" sous la pression, parce que des millions de gabonais ont besoin de toi là-bas. Les juges coutumiers disent que l’herbe que la tornade écrase n’arrête pas de continuer à pousser.

Une ou deux années avant sa mort, Guy Christian Mavioga, fondateur du Bloc Démocratique Chrétien et porte-parole des partis de la majorité présidentielle, m’avait posé la question suivante : "Si l’opposition représente la lumière et le PDG symbolise les ténèbres, qui parmi les deux groupes a réellement besoin de ma petite lumière ?".

Je ne lui avais pas répondu, je voulais écouter son analyse. Il parlait d’afficher nos valeurs au milieu des décideurs qui ne sont pas toujours des modèles. Il m’énuméra quelques situations concrètes où lui-même avait été en contradiction profonde avec le président Ali Bongo.

Il me montra le fauteuil où Ali était parfois venu s’asseoir pour écouter ses "quatre vérités", à l’insu de la plupart des gens. Mais en public Guy Christian Mavioga faisait son boulot auprès de son patron.

Bref. Ce ne sera pas tous les jours facile, mais il faudra tenir bon, mon cher Francky. Les juges tshogo disent que celui qui fait les selles au bord de la falaise doit tenir solidement l’herbe qui l’empêche de tomber.

Libreville, le 08 février 2024
Philippe César Boutimba Dietha

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