A la lumière d’un entretien avec le responsable à la communication de la Ligue Nationale de Football du Gabon, la décision de la reprise du championnat, en ce qui concerne sa phase retour, est le fruit de la volonté de l’Association nationale des Clubs de 1ère et de 2ème division évoluant dans le championnat national, dit professionnel. Quid de l’avis des premiers acteurs, c’est-à-dire des joueurs ? D’après les textes de la Linaf, suite au contrat de sponsoring signé avec l’État, chaque joueur évoluant en D1 doit percevoir un salaire minimum de quatre cent (400) mille Francs CFA versé par l’État via la Linaf. A ces 400 mille s’ajoute le montant que se fixent le joueur et le club lors de la signature du contrat. Un exemple, si un joueur a signé un contrat pour un salaire de neuf cent (900) mille francs CFA par mois, la subvention de l’État s’élèvera à 400 mille et le club doit être capable de payer les cinq cent (500) mille restant sur ses fonds propres. Le constat fait sur le terrain est que la majorité des clubs ne regardent plus les termes des contrats qu’ils ont signés avec leurs joueurs, et attendent la subvention de l’État pour payer ces joueurs et la conséquence immédiate est que toutes les charges des clubs sont couvertes par l’État et donc plus aucun effort financier n’est fourni par les présidents de clubs.

Par ailleurs l’aspect médical, qui est primordial pour un footballeur est malheureusement négligé par ces derniers. Pourtant les textes de la Linaf sont clairs à cet effet : aucune licence de joueur ne peut être validée sans que son club ne présente le contrat du joueur, ses examens médicaux qui attestent que le joueur est apte à pratiquer le football. L’Association des footballeurs Professionnels du Gabon (ANFPG) constate que dans la majorité des clubs de D2, les joueurs n’ont pas de contrat de travail, et n’ont fait aucune visites médicales pour leur sécurité et ce, même dans certains clubs de D1, dans lesquels il a été enregistré des joueurs sans contrats de travail. A titre de rappel, le National Foot a enregistré des décès sur les terrains ces dix (10) dernières années, justement à cause de ces négligences sur le plan médical. On se souviendra de TCHINGOMA Guy du FC 105, NONO Cédric de l’As Mangasport, Sylvain AZOUGOUI de l’AC Bongoville.

Les problèmes liés au transport, aux conditions d’entrainements, et au suivi des carrières des joueurs semble être le moindre mal de ces « esclaves » qui parfois sont contraints de prendre la voiture de Libreville jusqu’à Moanda et ce pour livrer des matchs de championnat et par la suite rallier Oyem ou Bitam pour jouer les journées suivantes, toujours en voiture, alors que les frais de déplacement sont calculés par la Linaf pour des déplacements en avion. Les séances d’entrainement se font sans la présence du Médecin de l’équipe et les clubs exigent pour la plupart deux séances (une le matin et une autre en après-midi). Sans compter les ruptures abusives des contrats qui se font au gré des humeurs des différents présidents de club, selon que votre rendement lui parait satisfaisant ou pas.

L’ANFPG qui entend faire respecter les droits des joueurs qui représentent les acteurs majeurs du national-foot insiste depuis sa création à faire entendre leurs voix et à dénoncer les pratiques de certains présidents de club qui abusent de leurs autorités en leurs demandant de se conformer aux textes en vigueur, et surtout de respecter les contrats qu’ils font signer aux joueurs.

Mikel Doussengui