"Je peux confirmer sans risque de me tromper que notre pays vit manifestement de plus en plus des conséquences du réchauffement climatique"

28 novembre 20230
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Trois questions à Nicaise Moulombi, Président de l’ONG Croissance Saine Environnement sur l’actualité gabonaise, notamment sur les fortes pluies et les éboulements enregistrés, tant à Libreville qu’à l’intérieur du pays. Aussi, aborde t-il la question de la COP 28 qui se déroulera du 30 novembre au 12 décembre prochain à Dubaï, pour enfin, appeler les Gabonais à soutenir les actions du Président de la Transition et du gouvernement mis en place et barrer la voie à ce qui pour lui, apparait comme un complot contre le pays.

Monsieur le Président, Nicaise Moulombi, vous êtes un acteur reconnu de la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de l’environnement sur le plan national et international. Depuis quelque temps, notre pays est en proie à des fortes pluies occasionnant des crues et des éboulements de certains axes routiers. Peut-on y voir une manifestation du réchauffement climatique ?

Au regard des fortes pluies qui s’abattent sur les agglomérations du Gabon et des éboulements des infrastructures économiques, entre autres, certains axes routiers à Mouila et à Okolassi avec des impacts sociaux graves (défaillance des installations de la SEEG y compris des coupures d’eau potable dans les ménages pendant des jours), je peux confirmer sans risque de me tromper que notre pays vit manifestement de plus en plus des conséquences du réchauffement climatique.

Aujourd’hui, notre planète est le théâtre de nombreuses menaces naturelles : tempêtes, inondations, etc. Les conséquences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques, tant du point de vue du bilan humain qu’en termes de dommages économiques. Le constat est que la ville de Libreville vit de façon récurrente des mouvements de terrain avec des dégâts considérables et des pertes en vie humaine à cause de la mauvaise urbanisation et des installations anarchiques des populations dans des zones interdites de construction ou de peuplement humain.

Aussi, de manière indépendante, aucun événement climatique ne peut être attribué en tant que tel au changement climatique. Toutefois, certains travaux de recherches scientifiques établissent que les changements climatiques viennent modifier la probabilité d’occurrence de certains aléas. Cela concerne les précipitations intenses dans nos provinces, et la hausse du niveau de la mer ainsi que les vagues de chaleur en exponentielle à Libreville. Dans notre pays, les évolutions attendues pour les pluies extrêmes sont variables géographiquement avec cependant une tendance générale qui se dessine par une augmentation de la quantité de pluie.

Dans le cas des inondations avec des mouvements de terrain et des éboulements de certains axes routiers, je considère qu’elles se font ainsi à des échelons emboîtés, à la fois à l’échelle du bassin hydrographique, du bassin versant et du territoire à risque important d’inondation sans une réelle prise en compte des démarches d’aménagement durable des territoires par les sociétés et compagnies d’ingénierie foisonnantes sous l’ère du régime précédent. C’est pourquoi, j’estime que la prévention des risques naturels et de la météorisation des infrastructures socio-économiques doit se faire davantage et partout dans nos provinces par l’Agence Gabonaise d’Études et d’Observations Spatiales (AGEOS) qui est un établissement public à caractère scientifique, technologique et environnemental pour terminer sur ce chapitre c’est la preuve de la mal gouvernance du pouvoir déposé par le CTRI preuve du coup de libération.

Vous allez prendre part à la COP 28 qui se déroulera du 30 novembre au 12 décembre prochain à Dubaï, quelles sont concrètement vos attentes ?

À l’issue de Glasgow (COP26, 2021) en Royaume Uni, les Parties ont décidé d’établir un programme de travail pour relever le niveau d’ambition en matière d’atténuation et ont prié les Organes subsidiaires de recommander un projet de décision sur cette question pour examen et adoption à la CRA 4, de façon à compléter le bilan mondial. C’est ainsi que l’année dernière à la COP 27, 2022 à Charm el-Cheikh en Egypt, les Parties ont adopté une décision intitulée « Programme de travail de Charm el-Cheikh sur le relèvement du niveau d’ambition en matière d’atténuation et l’application des mesures correspondante ».

Comme j’ai eu à le dire à plusieurs reprises, mes attentes sont d’ordre diplomatico-politique, à savoir, le respect des engagements pris par les pays occidentaux vis-à-vis des pays moins pollueurs, entre autres, le continent africain.

Les positions des États africains, surtout de notre sous-région de l’Afrique centrale doit tourner autour du renforcement de ses capacités institutionnelles pour la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le changement climatique et des contributions déterminées au niveau national (CDN). Pour cela, l’Afrique centrale doit pouvoir réussir en face du monde entier, la coordination sous régionale globale des éléments de langages de sa position avec un mandat clair par l’implication visible de ses organisations de la société civile.

Ainsi, j’aimerais bien voir les Pays Parties à la Convention Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et les institutions observatrices et/ou organisations sous régionales et internationales de débattre sans faux fuyant de certains points clés suivants :

 L’appel à réduire progressivement la production d’électricité à partir de charbon sans dispositif d’atténuation et à supprimer graduellement les subventions inefficaces aux combustibles fossiles, tel qu’adopté dans le Pacte de Glasgow pour le climat en 2016. A noter, que le texte final a, une fois de plus, laissé de côté, la réduction progressive ou l’élimination des combustibles fossiles. Au lieu de cela, il est question de « favoriser un bouquet d’énergies propres, y compris les énergies renouvelables et à faibles émissions, à tous les niveaux, dans le cadre de la diversification des bouquets et des systèmes énergétiques, en fonction du contexte national ;

 L’appel aux Parties à l’Accord de Paris qui n’ont pas encore communiqué ou mis à jour leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) ou leurs stratégies à long terme de développement à faibles émissions (LT-LEDS) à le faire d’ici la prochaine réunion ;

 L’établissement d’un programme de travail pour la transition juste visant à explorer les moyens et les voies qui permettront d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris ;

 Le lancement d’un « Dialogue de Charm el-Cheikh », dont l’objectif sera d’échanger des vues sur le champ d’application du paragraphe 1c) de l’article 2 de l’Accord de Paris (rendre adéquats/aligner les flux de financement avec un développement à faible émission de gaz à effet de serre (GES) et résilient aux changements climatiques) et sa complémentarité avec l’article9 de l’Accord (financement de l’action climatique). A cet effet, il a été demandé au Secrétariat d’organiser deux ateliers en 2023 et d’établir un rapport sur les délibérations de ces ateliers ;

 L’exhortation des pays développés à fournir un soutien financier accru aux pays en développement tant pour l’atténuation que l’adaptation, et l’encouragement aux autres Parties à fournir volontairement ce soutien ;

 La demande lancée aux actionnaires des banques multilatérales de développement et des institutions financières internationales de modifier leurs pratiques et priorités, d’adapter et d’augmenter les financements, de garantir un accès simplifié et de mobiliser le financement de l’action climatique à partir de sources diverses. Il a été également formulé l’encouragement à définir une nouvelle vision de l’avenir, en y associant un modèle opérationnel, des filières et des instruments adaptés à l’objectif consistant à faire face, de manière adéquate, à l’urgence climatique mondiale.

En tant que personnalité de la société civile, comment appréciez-vous les sanctions qui ont été infligées à notre pays après le coup de libération du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), le 30 août dernier ?

Comme vous le savez, une mission de l’Union africaine séjourne actuellement chez nous au Gabon où elle a déjà rencontré les plus hautes autorités de notre pays. A l’instar de certaines chancelleries et institutions financières, l’Union africaine vient de marquer sa volonté d’accompagner le Gabon jusqu’à l’instauration de l’ordre constitutionnelle.

— Le Dr Mohamed Ibn Chambas émissaire de l’Union Africaine -(chapeau), le Président de CSE Nicaise Moulombi à la rencontre de la société civile- Il a prévenu que le Gabon ne cédera pas à un quelconque chantage de syndicats des chefs d’États qui tenterait d’influencer l’Union Africaine. Il a souhaité que la CEEAC se ressaisisse .

L’Organisation internationale de la francophonie (OIT) en a fait autant, il y a quelques semaines. A mon humble avis, les nombreuses démarches d’explications effectuées par le Président de la Transition, Chef de l’État ont été entendues. La question des sanctions infligées à notre pays par certaines structures sous régionales comme la Commission de la CEEAC par la seule volonté de son Président, est désormais balayée des revers des mains. J’encourage le peuple gabonais de rester soudés dernière son Président de la transition, Chef de l’État et son gouvernement, ainsi que toutes les autres institutions de la République.

REDACTION

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