Exploitation forestière ilégale, mafias et complicités

31 août 20140
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Afin de lutter contre l’exploitation forestière illégale grandissante, le gouvernement a prévu certaines mesures afin de juguler ce fléau. Le PANEFI ou Plan d’Actions National contre l’Exploitation Forestière Illégale a ainsi été présenté en ce début d’année et vise l’arrestation et la condamnation des trafiquants de bois qui pillent les forêts gabonaises.

Des ventes aux enchères des bois issus d’exploitation illégale et saisis ont été mises en place dans les différentes provinces du pays.

Force est de constater que le PANEFI comme ces ventes sont utilisés à des fins d’enrichissement personnel, et favorisent maintenant davantage l’exploitation forestière illégale que la protection des forêts de l’État.

La vente aux enchères organisée à Oyem le 08 février 2014 fut unique et impressionnante par le volume total des bois mis en vente : près de 5 000 m3 de Kevazingo. Ce bois dont le prix de vente à Libreville atteint près de un million de Fcfa le m3 est vendu à 180 000 Fcfa le m3 et est devenu la cible des exploitants de tout type. Or, ce bois qui est une essence totem au Woleu-Ntem était protégé par nos ancêtres qui avaient compris son importance. Maintenant, certaines autorités favorisent son exploitation anarchique avec des conséquences graves et selon un système que l’on peut qualifier de mafieux.

Plusieurs lots vendus pour ne pas dire la majorité sont inexistants, ce qui signifie que des agents de l’État ont organisé le vente de bois qui n’existe pas ou n’est pas encore coupé, alors qu’il devrait s’agir de bis déjà coupé et saisi. Des exploitants comme SGPTB/BAS-TIMBER, TBNI, CEBT, DAN GABON, GAHUDI et autres coupent du bois sans aucun titre dans le Woleu-Ntem, l’administration forestière fermant les yeux sur ces infractions graves dont elle est devenue complice. Il faut en effet que les exploitants qui ont acheté du bois qui n’existe pas rentrent dans leurs frais !

Accrochés à ces exploitants illégaux, une multitude d’intermédiaires tels Nkoulou Serge Patrick, Nkoulou Emmanuel, Ndoutoume Essonne Abel et Marie-Gisèle Andème Mba huilent les rouages de la machine en étant des prestataires et facilitateurs de ces exploitations illégales.

Pire, les exploitants qui ont acheté le bois sont obligés par l’administration de rémunérer ceux-là même qui ont coupé illégalement le bois pour le vendre à travers les ventes aux enchères de l’Etat. On comprend dès lors que les exploitants illégaux ne soient nullement inquiétés, et que les soi-disant saisies de bois ne soient liées à aucune arrestation.

Il s’agit ici de véritables scandales financiers au détriment de l’État. En effet, outre ces malversations, une faible part de l’argent décaissé par les acheteurs rentrent dans les caisses de l’État, les Eaux et Forêts comme me Tribunaux prélevant illégalement des pourcentages élevés sur les ventes. Le Trésor recevrait ainsi moins de 50% du prix de ces ventes aux enchères. C’est ainsi des centaines de millions Fcfa voire des milliards qui sont escroqués à l’État annuellement, rien qu’au Woleu-Ntem. Ainsi, , BAO-TIMBER/SGPTB a payé 1.000 m3 180 millions Fcfa mais le Trésor a reçu 82 millions Fcfa ; TBNI a payé 3.400 m3 à 612 millions Fcfa, mais seulement 281 millions Fcfa ont été versés au Trésor !

De même, les parts censées bénéficier aux populations ne sont pas versées ou ne sont pas utilisées dans des projets d’intérêts collectifs. Des complicités de la part de certaines « élites » villageoises s’enrichissent d’ailleurs au détriment de l’ensemble des communautés.

Il y a lieu de parler ici d’enrichissement illicite organisé et qui se généralisera dans tout le pays si rien n’est fait !

Lorsqu’on sait que plus de 1.000 permis gré à gré sont en phase d’être accordés par les Eaux et Forêts dans tout le pays, on ne voit pas comment cela pourra être géré et contrôlé vu le contexte et les malversations. On ne voit pas non plus les retombées économiques durables et le développement consécutif sachant que ce sont des exploitants illégaux qui bénéficient généralement de ces permis et non les populations. Le développement des forêts communautaires apparaissaient comme une opportunité intéressante mais le Gouvernement fait marche arrière en privilégiant les permis gré à gré.

Finalement, l’attribution des permis forestiers industriels est censée être réalisées par adjudication. Mais comme mentionné dans le journal « L’Aube » du 7 juillet 2014, des permis ont été attribués sans adjudication et à l’encontre des règles de base et des décisions des hautes autorités.

Décidément, la forêt gabonaise souffre et les ressources qu’elle renferme n’ont pas fini d’aiguiser les appétits et d’entraîner toute forme d’exploitation illégale et de complicités.

Carl FANGA

GN/14

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