Des vendeurs de peaux de panthère arrêtés à Mitzic

2 octobre 20140
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La Police Judiciaire, appuyée par le projet AALF (Appui à l’Application de la Loi sur la Faune), collaboration entre Conservation Justice et les Eaux et Forêts, a pu mettre la main sur quatre individus impliqués dans la vente de peaux de panthère à Mitzic. Ils ont été arrêtés le mercredi 1 octobre en flagrant délit de vente de quatre peaux de panthère.

Ce réseau n’est certainement pas à son premier coup et certains de ces membres sont bien connus dans le trafic. Trois d’entre eux sont de nationalité Ghanéenne (MINTA Samuel, KOFFI EWOUA et BAFOE Clément) et un de nationalité Gabonaise (ZOGO NDONG Arthur). Ils sont en garde à vue à Oyem et seront déferrés au parquet le lundi 29 octobre 2014.

Peuplant autrefois les continents asiatique et africain, de la Sibérie à l’Afrique du Sud, la répartition de la panthère ou léopard (panthera pardus) s’est fortement réduite en raison de la chasse et de la perte de son habitat. La recherche de peaux pour la décoration est la principale cause de leur disparition. On est donc loin ici d’un usage traditionnel local !

« La panthère est souvent respectée et crainte, alors que les cas d’attaque sont très rares. Elle est en tout cas sacrée pour de nombreux groupes ethniques gabonais. C’est le cas dans les cultures mitsogo et pouvi, avec la société secrète nzergho (du léopard). Mais toutes les ethnies du Gabon accordent un grand respect au léopard.

C’est d’ailleurs la peau de panthère qui est un des symboles les plus forts du rite initiatique « Bwiti », notamment dans le cadre des danses traditionnelles. Bien que sa peau et ses dents sont utilisées traditionnellement, on dit souvent que tuer un léopard attire les mauvais esprits sur les chasseurs et le village concernés par l’abattage d’une panthère et une cérémonie devait traditionnellement être organisée pour les en chasser ». C’est en tout cas ce qu’explique l’ethnographe et auteur gabonais André Raponda-Walker qui assista à l’une de ces cérémonies durant trois jours près de Fougamou. C’est peut-être aussi par le respect que cette espèce impose qu’elle a été choisie comme symbole de l’équipe nationale de football du Gabon.

Ceci n’empêche malheureusement que les peaux de panthère sont commercialisées et exportées vers le Nigéria, l’Europe et bien sûr l’Asie. On voit en tout cas que la faune gabonaise est menacée de toute part et quelque soit les espèces. Aujourd’hui, ce sont surtout les éléphants, panthère et pangolins qui sont prisés par les marchés étrangers. Mais demain, que restera-t-il ?

Aujourd’hui, la survie de la panthère repose aussi sur la place que voudra bien lui accorder la société moderne et seule une application stricte de la loi par les autorités, les forces de l’ordre et les Eaux et Forêts pourrait permettre sa survie sur le long terme. Rappelons encore que la chasse, la capture, la détention, le transport et la commercialisation des espèces intégralement protégées sont interdits et que les infractions vis-à-vis de ces espèces sont punis de 3 à 6 mois de prison et des amendes allant de 100 000 à 10 millions de francs. Les trafiquants arrêtés devront ainsi répondre de leurs actes devant la justice gabonaise.

Carl FANGA

GN/14

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