LIBERTÉ DE LA PRESSE/L’Aube et son chef de rédaction encore flagellés

9 novembre 20180
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Paru le 5 novembre 2018, ce titre a déclenché la colère de la HAC

Paru le 5 novembre 2018, ce titre a déclenché la colère de la HAC

Orca Boudiandza, rédacteur en chef de l’hebdomadaire L’Aube, ainsi que le journal lui-même, sont sanctionnés pour avoir « mal interpréter la Loi ». Au Gabon, la liberté de la presse pourrait devenir plus fragile face à la Haute Autorité de la Communication (HAC) qui multiplie ses sanctions ces derniers temps.

Aligné à la 108e place du classement mondial de la liberté de la presse en 2018, le Gabon ne semble pas vouloir gravir les échelons pour occuper une meilleure place. Sa position pourrait davantage reculer l’année prochaine, vu les châtiments qui pleuvent contre les journaux dans ce petit Etat d’Afrique centrale. A peine le retour du tri-hebdomadaire Echos du Nord dans les kiosques, que l’hebdomadaire L’Aube est frappé d’une peine de trois longs mois, dans un contexte où ses lecteurs expriment un grand besoin d’informations factuelles sur la santé d’Ali Bongo Ondimba.

Dans sa livraison du 5 novembre, le journal évoque la vacance du pouvoir suite à l’absence du fils d’Omar Bongo Ondimba : « Attention zone de très forte turbulence, l’information autour de l’état de santé d’Ali Bongo étant farouchement cadenassée, il n’est pas donc possible d’estimer la durée de son absence. Alors plutôt que de laisser les populations tirer les plombs sur la comète et se perdre en conjecture hasardeuse, le Premier ministre Issozé Ngondet devait en toute logique, tirer les conséquences de ce qu’il a lui-même qualifié de non événement, en faisant constater la vacance de pouvoir dans les conditions prévues par la Constitution et investir Lucie Mboussou dans ses prérogatives républicaines. Le Gabon, en cette période de crise, a plus que jamais besoin d’être dirigé dans les normes et non dans l’informel comme c’est le cas le 24 octobre 2018 », a écrit son rédacteur en chef. Cet article a valu, à Orca Boudiandza, une interdiction d’exercer le métier durant un semestre.

Paru le 5 novembre 2018, ce titre a déclenché la colère de la HAC

Interdiction de critiquer le régime au pouvoir ? La HAC semble pousser les journalistes à dénuder leurs articles de toutes critiques, et surtout celles inhérentes au pouvoir. Une attitude risquant de réduire les acteurs de presse à de simples propagandistes ou porteurs de nouvelles. Il est reproché au Rédacteur en chef de L’Aube d’avoir fait « une interprétation hasardeuse de la Loi », au sujet de l’article 13 de la Constitution gabonaise. Le communiqué ne livre pourtant pas, l’interprétation juste dudit texte. Depuis plus de deux semaines le gouvernement garde le mutisme sur l’évolution de la santé d’Ali Bongo Ondimba. La presse devrait-elle tout aussi rester silencieuse face à la forte demande des populations qui ont le droit de savoir ?

Même les sages du Parti démocratique gabonais(PDG) demandent au gouvernement de communiquer de façon officielle. Guy Christian Mavioga, le Secrétaire exécutif du Bloc démocratique chrétien(BDC) dans une de ses récentes conférences de presse, regrettait déjà la tournure actuelle des événements sur la santé du Chef de l’Etat : « Si le peuple a le droit de savoir la vérité et que le gouvernement a le devoir de dire la vérité, il n’en demeure pas moins que nous sommes très loin de la dignité et du respect de nos valeurs », souligne-t-il. La question se pose tout de même : qui a le monopole d’interpréter la Loi fondamentale de notre pays ? Les préoccupations des populations ne sont-elles pas dans ce cas, légitimes. Doit-on les laisser spéculer ? C’est l’occasion pour les autorités habilitées à éclairer le peuple afin que cessent les spéculations.

GMN/MT

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