FOCUS SUR LA CYBERCRIMINALITE

11 octobre 20180
Partager
Image Sci Dev Net :Crédit image : Flickr/Exentriq App

Image Sci Dev Net :Crédit image : Flickr/Exentriq App

Il y a une dizaine d’années, les africains découvrent le numérique et ses nombreuses déclinaisons (Internet, objets connectés, télécommunications etc.). En quête d’opportunités, de développement, l’Afrique et le Gabon en particulier, ont donc accueilli, à bras ouverts, cet univers pour y exploiter ses potentialités, en raison des enjeux économiques. Nous avons adopté les plateformes d’échanges pour partager des informations, effectuer nos transactions financières, et grâce à son extension, l’effet de mode que le numérique a produit, nous avons embrassé les réseaux sociaux. En poursuivant à outrance la connectivité, l’Afrique et les gabonais n’ont pas pris connaissance du revers de la médaille : l’internationalisation du crime à travers la cybercriminalité.

En découvrant le numérique, nous africains avions commencé par la toiture plutôt que par le sous-bassement. Nous avions privilégié la création des startups, comme pour nous justifier de notre chronique sous-développement, dont la cause nous est toujours imputée, afin de créer de l’emploi et en quelque sorte, faire la promotion de la nouvelle « mode et exigence ». On a voulu suivre la tendance et cela a payé. Par exemple, le Gabon, grâce à l’installation du Câble sous-marin SAT3, est classé à la 6ème place des pays détenant la fibre optique en Afrique. Le développement de sa connectivité internationale est passé de 800 à 6400 gigas. Nous avons oublié de nous protéger, nous avons oublié la cyber-sécurité.

Internet et ses déclinaisons dont les réseaux sociaux font partis, nous ont été présentés, nous nous sommes empressés de nous afficher et nos familles et nos amis. Nous y avons tout inscrit ! Nos données, nos informations, nos centre d’intérêts, nos points de vue, nos vies. Promptement, nous y avons transférés nos PME, nos sociétés et leurs avoirs, vite attribué des sites web où régulièrement on livre leurs résultats financiers, leur évolution, leurs activités, on a supplanté Internet à nos outils de communication interne et externe. Alors que plusieurs gouvernements des pays africains ne détiennent pas encore de véritables bases de données de leurs entreprises, de leurs citoyens pour encadrer ces vitrines que sont les médias sociaux. Nous avons oublié de nous protéger, nous avons négligé la cyber-criminalité.

De multiples pratiques…
La cybercriminalité peut se définir comme l’ensemble de malversations et de manipulations faites avec l’outil Internet. On arrive à noter des différenciations de pratiques : cyberescroquerie, cyberhacktivisme, cyberterrorisme… La profusion des moyens technologiques a ainsi nourri l’imagination des criminels.

Bon nombres d’internautes aujourd’hui sont victimes ou ont déjà été victimes des cyber- escrocs, ressortissants habituellement soit de l’Afrique de l’Ouest, soit de l’Est, qui s’inventent des identités, prétendent posséder des articles abandonnés par de prétendus clients et qu’ils les mettraient à leur disposition en échange d’une tiers somme.

Sur la plateforme Whatsapp, nous recevons occasionnellement des messages ciblés de potentiels cyber-hackeurs de sociétés automobiles étrangères, proposant des voitures ou crédits offerts, à condition de cliquer sur un lien, visiter leur site et partager l’offre à un maximum de contacts. Comment ces entreprises obtiennent-ils nos numéros de portable ? Nous n’en savons rien. Un seul clic suffit pour recueillir des informations complètes d’utilisateurs.

Des entreprises reçoivent des liens d’invitations pour des publicités de produits de sociétés anonymes et y incluent des virus pour dégrader ou modifier les données, les systèmes et flux d’information afin de montrer les limites de leurs bases de données, ou faire des réclamations. Les cybers terroristes comme Boko-Haram se servent d’Internet pour défier les plus hautes autorités à travers des vidéos de revendications.

Quel état des lieux de la législation gabonaise ?
Les données, l’or bleu de ce XXIème siècle, ne cessent de croître inéxorablement avec la participation de l’Afrique et la richesse de sa démographie. Il est donc urgent que les Etats enrichissent leur cadre juridique autour de la cybersécurité. Au Gabon, il existe déjà un panel de lois à l’exemple de l’Ordonnance n° 15 du 23 février 2018 portant règlementation de la cybersécurité et de lutte contre la cybercriminalité en République Gabonaise. Malheureusement, il ne sert nullement, car elles ne sont pas entre les mains de professionnels à la notion et qui en cas de cybercrime, ne sauront pas comment sanctionner un cyber-hacker, un cyber-escroc ou un cyber-terroriste. De son côté, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) le signale d’ores et déjà, les cybercriminels ciblent de plus en plus les pays en développement, en premier lieu parce que la législation y est appliquée moins rigoureusement.

Pistes de solutions…
Le scandale du Cambridge Analytica survenu aux Etats-Unis concernant la manipulation et le détournement des données d’utilisateurs de Facebook à des fins politiques lors de la dernière élection présidentielle devrait interpeller tous les Etats africains ; car les données personnelles pourraient être utilisées par des dictateurs pour faire asseoir leur pouvoir. La tâche ne devrait donc pas être laissée qu’aux opérateurs économiques du fait de l’enregistrement massif de données des abonnés qu’ils effectuent chaque jour.

Dans les entreprises comme dans les gouvernements, tout le monde devrait être formé à la cybersécurité en passant par des séminaires et des formations. Il en va de la sécurité des précités dont les sites web et les bases de données pourraient être piratés ou défaçés à des fins malveillantes, comme des manipulations, chantages et menaces de la santé financière des entreprises.

Il faut, en même temps, que s’étende la vulgarisation du numérique et de son apprentissage auprès de la société civile, que s’effectue celui du concept de cybercriminalité par des campagnes de sensibilisation dans les établissements secondaires et universitaires.

Enfin, l’Etat gabonais devrait encourager des formations chez les jeunes dans la cybercriminalité, qu’ils soient envoyés à l’étranger pour y acquérir de l’expérience afin de participer au développement du concept Hacking éthique. Il est l’œuvre de groupes de pirates informatiques qui infiltrent les systèmes d’informations y décèlent des défaillances pour en informer les propriétaires.

Stop donc d’abord à la course à la connectivité qui enrichissent les opérateurs de téléphonie mobile.

Stop à l’installation des infrastructures énormes pour enrichir et entretenir les relations internationales.

Stop à la recherche d’un positionnement qui ne ferait qu’augmenter des ouvertures aux cybercriminels.

Syntiche Esseng Oyono

Dans la même rubrique

COMMUNICATION

Gabon : L’ UFEP reçue par Laurence Ndong

23 avril 202448 %0

0 Commentaire(s)

Poster un commentaire