Politiques(s) de communication, enjeux et défis de la mondialisation. Reculs et avancées de l’expérience gabonaise, le livre de Félicien SABI-DJABOUDI

19 mai 20210
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Arthur Félicien SABI-DJABOUDI vient de publier « Politiques(s) de communication, enjeux et défis de la mondialisation. Reculs et avancées de l’expérience gabonaise » aux Editions Academia.be de Louvain-La Neuve (Belgique).

Dans cet ouvrage de 415 pages, préfacé par le Pr Thomas ATENGA du département des Sciences de l’Information et de la Communication de l’Université de Douala (Cameroun), l’auteur soutient qu’il n’y a pas de démocratie sans information libre et de qualité.

Sur la base de ce principe, il s’interroge sur les politiques de communication au Gabon : comment garantir la liberté des médias contre les velléités de contrôle des pouvoirs politiques ?

L’analyse documentaire et critique menée par Arthur Félicien SABI-DJABOUDI offre une compréhension claire et pointue de l’univers médiatico-politique gabonais. Elle met en évidence les reculs et avancées des médias gabonais dans leur combat pour le développement, les droits et les libertés, dans le respect d’un débat pluriel des idées.

L’ouvrage structuré en 15 chapitres, riche en informations, souligne que chaque pays a le système de communication qui lui convient en fonction des objectifs et missions prioritaires que lui assignent ses dirigeants.

Dans les années de la décolonisation, l’héritage juridique et la pratique de l’ancienne puissance coloniale accordaient un monopole absolu sur l’activité médiatique aux seuls médias publics, alors même que ceux-ci restaient étroitement contrôlés par l’État.

Le préambule de la Constitution gabonaise affirme toutefois son attachement aux libertés fondamentales et notamment au principe selon lequel la liberté d’expression, la liberté de la presse, bref la liberté de communication des pensées et des opinions sont garanties à tous les citoyens.

Dès leur création, la radio et la télévision au Gabon ont été soumises à la tutelle gouvernementale.

Ce procédé se justifiait par le fait que l’organisme chargé de l’exercice du monopole poursuivait des objectifs de service public dont l’État, par l’intermédiaire du gouvernement, devait assurer le respect de l’ordre public à des fins d’exaltation de l’unité nationale. Il assigne ainsi des missions spécifiques aux médias publics dans le but d’établir un contact permanent avec les populations gabonaises souvent éloignées du centre de décisions politiques.

Avec le processus de démocratisation enclenché en 1990, qui a donné naissance au pluralisme politique, on assiste à une configuration qui vient bouleverser l’univers de la presse ; l’entrée en scène de nouveaux acteurs consacre l’ère de la concurrence qui bouleverse les relations avec les consommateurs et offre des opportunités nouvelles.

Dans les années 2000 et 2010, Internet pour tous fait désormais partie des priorités des politiques publiques, et les médias publics tombés dans la lassitude assistent impuissants à cette confrontation qui laisse parfois rapidement la place au règne du journalisme citoyen qui vient bouleverser le traitement de l’information et impose aux médias traditionnels de nouvelles pratiques professionnelles.

Ainsi, il propose une nouvelle économie politique de la communication et s’interroge comment garantir la liberté des médias contre les velléités de contrôle des pouvoirs politiques ou d’éventuels monopoles ou contre les pressions de diverses natures (censures, menaces, interpellations, suspensions, exils…) exercées notamment sur les journalistes.

En substance, Arthur Félicien SABI-DJABOUDI pense que les politiques de communication au Gabon se sont construites, depuis toujours au travers de multiples tensions entre autocratie et démocratie. Elles ont connu divers reculs et avancées, tant dans la volonté de promotion du développement que dans le respect des droits et libertés.

Au moyen d’une analyse critique du fonctionnement de la communication, l’auteur « montre comment celle-ci est faite de relations asymétriques entre les médias et les journalistes, les pouvoirs et leurs institutions, les populations urbaines et rurales, dans un contexte international.

Il propose ainsi une analyse longitudinale, documentaire et critique des politiques de communication au Gabon (1960-2021), au travers de multiples tensions entre autocratie et démocratie. Dans le contexte international et technologique de ces années, il montre comment l’information a été constituée de relations asymétriques entre les médias et les journalistes, les pouvoirs et leurs institutions, les populations urbaines et rurales.

L’analyse critique menée par l’auteur vise ainsi à contribuer à la compréhension de cette lente évolution des politiques de communication au Gabon. Il parcourt les périodes de décolonisation puis de parti unique (années 1960-1980) et de libéralisation de la vie publique (années 1990), jusqu’à l’actuel basculement dans les mondes numériques. Il offre ainsi des bases non seulement pour dessiner une nouvelle configuration médiatique mais pour redéfinir l’économie de la communication au Gabon (en s’accordant sur des objectifs et missions prioritaires) et refonder ainsi la communauté politique.

De nationalité gabonaise, Arthur Félicien SABI-DJABOUDI est docteur en Sciences de l’information et de la communication (Université Montaigne Bordeaux 3).

Chercheur à l’Institut de Recherches en Sciences Humaines (IRSH/CENAREST), il est actuellement Conseiller chargé de la Communication et des Relations publiques à l’Ambassade du Gabon en France.

Il est déjà auteur de deux ouvrages : Les médias d’Etat au Gabon. Permanence et mutations, Paris, L’Harmattan, 2017, Presse d’opinion et luttes politiques en Afrique francophone. Le Gabon de 1922 à 1990, Paris, Publibook, 2018.

Jarele SIKA

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