Nadine Gordimer tire sa révérence

15 juillet 20140
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La date du 14 juillet sera désormais associée à la disparition de Nadine Gordimer, la grande « dame » de la littérature sud-africaine, la première femme blanche membre de l’ANC, amie de Nelson Mandela et prix Nobel 1991.

La romancière, nouvelliste, critique et éditrice sud-africaine a tiré sa révérence hier à l’âge de 90 ans dans sa maison de Johannesburg. Son décès a été annoncé par sa famille. C’est la plus grande écrivaine sud-africaine mais aussi africaine qui tire ainsi sa révérence.

Née d’un père juif Lituanien et d’une mère anglaise, Nadine Gordimer a grandi dans un environnement privilégié de la communauté anglophone blanche de Springs proche de Johannesburg. Elevée dans la religion chrétienne où elle a reçu certaines valeurs entre autres, l’amour du prochain, elle a été sensible aux inégalités raciales et aux problèmes sociopolitiques dans son pays. Elle va s’intéresser très tôt à la littérature. A l’âge de neuf ans, elle rédige sa première nouvelle, inspirée par la fouille policière de la chambre de sa domestique noire, son combat contre les inégalités sud-africaines débute alors. Elle refuse toute sa vie de quitter l’Afrique du Sud, même aux pires de l’Apartheid alors qu’elle avait pris parti pour la cause des noirs et qu’elle était l’objet de toutes les attaques de la part de la communauté blanche.

Par l’’écriture elle choisit de décrire la société inégalitaire et s’engager contre le système d’apartheid. A travers les titres de ses ’uvres : « Un monde d’étrangers », « Feu le monde bourgeois », « Le Conservateur », « Fille de Burger », « Ceux de July », « L’arme domestique »... il apparait toujours en filigrane l’idée de cette société sud-africaine prise dans les affres de la ségrégation raciale.

Nelson Mandela avait une confiance absolue en cette femme qui avait su, dans « Burger’s Daughter », raconter les difficultés de la vie de famille de militants révolutionnaires sans cesse menacés par la prison, contraints de délaisser les leurs pour leur cause. En 1991, elle devient membre de l’ANC. Elle raconte alors avec fierté le jour où elle va chercher elle-même sa carte de membre du parti, suscitant l’étonnement des noirs et même l’admiration des blancs qui s’inquiétaient alors de leur avenir. Nadine Gordimer a été "une militante anti apartheid".

Elle a été aussi la première à dénoncer les déviations du nouveau système politique et économique qui n’a pas mis l’égalité des chances et des races en avant, excluant les blancs mais enfonçant surtout les noirs dans une extrême pauvreté.

Patrick Charferry

GN/14

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