Eric Joël Bekale : « Sommes-nous devenus des fous ?»

25 April 20150
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Rencontré à l’occasion de la commémoration de la journée internationale du livre et du droit d’auteur le 23 avril dernier, le président de l’Union des Ecrivains Gabonais (UDEG), s’est dit inquiet de voir que dans notre pays, la culture ne semble pas constituer une priorité de développement. Alors qu’il a reconnu que « le livre a un pouvoir, dans le sens de la conservation, et de la transmission des savoirs. Il est le creuset de la mémoire ».

C’est en 1995, à la faveur de la Conférence générale de l’UNESCO que le 23 avril a été proclamé journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Cette journée qui vise à rendre hommage aux auteurs, et à tous les acteurs du livre, est célébrée chaque année à travers le monde. Mais pour cette année, au Gabon, rien n’a été fait. Pour certains, cette journée est passée pratiquement inaperçue faute de moyens ou d’intérêt accordé aux auteurs gabonais. Au cours d’un entretien sur le sujet, le président de l’UDEG, par ailleurs écrivain a fait savoir que « le livre était le creuset de la mémoire, car il traverse le temps. Et que même dans notre cursus scolaire, le livre est au cœur de l’activité. On ne peut pas envisager des études sans le livre. Et quand on dit livre, il s’agit de tous les livres ». C’est pour cette raison, a-t-il poursuivi, que « les autorités compétentes gagneraient à soutenir les auteurs ».

Par ailleurs, s’agissant du droit d’auteur, le président de l’UDEG a fait remarquer qu’au Gabon, « les auteurs ne vivent pas encore de leurs droits. Nous avons un décret qui a créé le Bureau Gabonais des droits d’auteur et des droits voisins (BUGADA). Un directeur général a été nommé, mais c’est tout. Ce bureau n’est pas encore opérationnel. Il ne travaille pas encore sur le terrain. Il ne fait pas encore des collectes pour que les auteurs puissent recevoir ce qu’ils devraient leur revenir. Et nous le déplorons ». En guise de conclusion tel un poème, Eric Joël Bekale a signifié que « mon souhait est qu’on accorde un peu plus de respect et de considération aux artistes. Mon souhait est que les livres gabonais soient un peu plus lus, et qu’ils soient inscrits dans les programmes scolaires en abondance. Mon souhait est que le Gouvernement gabonais construise des bibliothèques dans tout le pays. Car ces livres il faut les lire ».

Après avoir salué les actions de la Francophonie à travers notamment l’implantation des centres de lecture et d’animation culturelle (CLAC) dans certaines capitales provinciales du pays, il a vivement émis le vœu de voir ériger des lieux culturels typiquement gabonais qui pourraient mieux vendre la culture gabonaise. Aujourd’hui, a-t-il déclaré, « le Centre culturel français devenu Institut français du Gabon (IFG) fait office de maison de la culture du Gabon, ce n’est pas normal. Nous apprécions la présence de l’IFG, mais il faut qu’il y ait aussi des lieux culturels authentiques gabonais. Plus de cinquante ans d’indépendance, ces lieux n’existent pas. Qu’on se pose des questions sur notre propre nature, sommes-nous devenus des fous ? ». Répondre à cette interrogation à l’affirmative, reviendrait à placer les autorités compétences face à leurs responsabilités.

Dorian Ondo

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